Le CNCD 11.11.11 organisait en partenariat avec son homologue flamand une soirée d’ouverture des Assises citoyennes sur les migrations, ce jeudi 15 juin. L’écrivaine franco-sénégalaise Fatou Diome a passionné le public présent aux Bozar (Bruxelles).
Dès son arrivée sur l’estrade, l’humour de Fatou Diome était révélé: « Je ne m’attendais pas à une telle chaleur« , a-t-elle lancé, en parlant autant des applaudissements fournis du public, que des températures tropicales qui régnaient dans la salle. L’écrivaine originaire de la pointe du Sénégal était interrogée par Hugues Dorzée, le rédacteur en chef d’Imagine Demain le monde, avant que les questions ne fusent du public.
Fatou Diome vient de publier « Marianne porte plainte » (aux éditions Flammarion). L’actualité électorale française a naturellement été évoquée: « Je suis bien sûr soulagée que la ‘Marine’ (Marine Le Pen) n’a pas accosté à l’Elysée. Ce n’est pas pour autant le moment de s’endormir! » L’invitée du CNCD 11.11.11. poursuit son intervention par un « Coup de latte aux abstentionnistes« : « aller voter, c’est une déclaration d’amour au pays. Ma petite voix, pour qu’elle ne soit pas récupérée… je dois l’orienter à ma façon« . Une pique destinée aux électeurs appelés aux urnes pour le 2ème tour des élections législatives françaises qui viennent…
L’écrivaine s’indigne alors de la tendance de « certains » qui « définissent la France par soustraction« . Fatou Diome cite alors François Fillon (surnommé dans son livre « Fillons-nous à Dieu ») qui estime que « la France n’est pas un Etat multiculturel« . Au contraire, explique la Franco-Sénégalaise, il faudrait décrire positivement ce que ce pays représente. Par la même occasion, l’écrivaine rappelle que « la France n’est pas une momie, mais un être vivant. La question ne consiste pas à sauvegarder le patrimoine, mais à le laisser évoluer« .
Suite aux questions du public, Fatou Diome s’est encore exprimée sur le positionnement de nos pays face à l’héritage colonial: « la France comme la Belgique doivent regarder la part d’ombre de leur passé colonisateur. Il faudrait pacifier cette histoire, arriver à prendre de la distance« . Elle poursuivra en constatant: « Tant que nous sommes occupés à ruminer le passé, nous ne pouvons pas imaginer l’avenir. »
L’écrivaine était alors interrogée sur la mondialisation et les combats à mener pour restaurer la dignité des êtres humains. « La vraie réussite, constate Fatou Diome, ne consiste pas à gagner de l’argent ou à conquérir le pouvoir. La seule réussite c’est de remettre d’aplomb la dignité humaine. » A une question du public, elle rappelle que « la peur n’est pas une réponse. C’est une fuite en avant qui dissimule l’absence de réflexion sur ce que je peux faire d’autre… » Dans cette attitude positive, où elle évite de se poser en victime, Fatou Diome explique son remède personnel: l’écriture. « C’est une manière de ressentir ma présence dans le monde. » Une parole et des écrits qui sonnaient haut et fort dans la salle des Bozar à Bruxelles.
A.-F. de Beaudrap