Cette fin d’année scolaire a été marquée par un drame: un jeune étudiant de 15 ans, de la région de Chimay, s’est pendu parce qu’il avait appris qu’il allait doubler son année. Pourquoi en arrive-t-on à se suicider lorsqu’on a subi un échec scolaire: pressions des parents ou de l’école? Peur du « qu’en dira-t-on? » Honte d’échouer?
Evitons de pointer du doigt l’un ou l’autre présumé responsable. Il est clair que les parents veulent le meilleur pour leurs enfants. Ils les encouragent donc à se donner à fond pour réussir de brillantes études, avec à la clé un diplôme prestigieux. Cet encouragement peut prendre des formes diverses et donc, peut parfois mettre une pression sur l’enfant. Même chose pour l’école: elle souhaite que ses élèves réussissent au mieux et poursuivent ensuite des études universitaires ou supérieures qui, si elles aussi sont réussies, donnent une bonne réputation à l’établissement d’où les élèves sont sortis.
Le problème ne se situe pas là, mais bien dans le type de société dans laquelle nous vivons: celle de la culture de la réussite. Parfois, à tout prix ou même… à n’importe quel prix. Ne blâmons pas ceux qui réussissent de brillantes études ou une carrière professionnelle prestigieuse. Mais surtout, ne stigmatisons pas ceux qui trébuchent. Ne les culpabilisons pas: l’échec fait partie de la vie. Il est bon de le rappeler aux enfants. Aujourd’hui, le système scolaire a trop vite tendance à orienter l’élève en difficulté vers la voie la plus facile, pour qu’il garde l’estime de lui-même et puisse… réussir. C’est une erreur. Le journaliste français Philippe Labro a écrit un roman intitulé « Tomber sept fois, se relever huit fois » dans lequel il décrit comment une dépression due à la pression sociale, en est arrivée à lui faire perdre l’estime de soi. Or, cette dernière est indispensable à la vie. Quand on ne l’a plus, c’est comme si nous cessions d’exister.
A la suite du suicide de cet adolescent de 15 ans, une ancienne institutrice a écrit aux étudiants avec ces mots si justes: « Les notes ne sont que des chiffres, et ne correspondent nullement à la valeur de votre personne… » Oui, échouer n’est pas honteux. L’important est de tirer les leçons de l’échec afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. C’est en connaissant la défaite que l’on connaît la vie, car l’échec nous apprend à grandir. Apprenons donc la culture de l’échec.
Notre monde moderne est celui du paraître, mais nous pouvons contribuer à en faire un monde de l’être, où la valeur de l’être humain ne se calcule pas en performances.
Jean-Jacques Durré
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