« Ce qui nous lie » est un film sur la fraternité, le vin, la vigne, les saisons et le temps qui passent. C’est un « grand cru bourguignon » signé Cédric Klapisch, à consommer sans modération!
Jean (Pio Marmaï) a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient sur la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges.
Ce film est plus que l’histoire d’une famille, dont un fils qui a laissé là son frère, sa sœur, son père et sa mère pour s’installer en Australie. C’est un film qui parle de terroir, de vignobles, de la terre, des ceps, du vin, des vendanges et des saisons. Dès le début, nous remarquons deux choses: la voix off de Jean et une succession de photos en vue accélérée (time-lapse) d’un vignoble sur une année environ. Se donner le temps est ici constitutif du film et de l’intrigue.
Le temps qui passe
Le temps qui passe a marqué le tournage. L’évolution des saisons est réelle et la préparation a débuté bien longtemps avant. Il fallait trouver des lieux, un endroit, un vigneron… Et c’est la chance du réalisateur (qui rejaillit sur le film en densité et vérité) d’avoir trouvé Jean-Marc Roulot qui est également acteur de longue date. Sa passion, son travail, ses vignobles et son vin constituent ainsi la matière du film qui en devient organique.
Ce sont des allers-retours entre présent et passé, l’évocation d’un père et d’un grand-père, de leurs conceptions du vin. C’est aussi le rapport à la mère défunte pendant que le fils « prodigue » était au loin et à qui tous reprochent de n’être pas revenu pour elle, pour lui dire adieu. C’est le lieu d’une naissance, en particulier celle d’un conflit sur l’héritage en indivision. C’est aussi, aux antipodes, le reproche de l’absence de réponse à une lettre envoyée. Ce sont d’autres reproches sur un lit d’hôpital et ce sont deux mains qui se serrent, se crispent, s’empoignent presque, alors que tout est dit, et qu’il n’y a plus rien à dire sinon s’émouvoir et pleurer!
Un grand cru!
Osons conclure en écrivant que Klapisch nous offre un « grand cru » avec son film. Il quitte le monde de la ville pour celui des champs. Il nous offre une symphonie pastorale qu’il a pris le temps d’écrire, de mettre en scène et de réaliser.
Les acteurs ont également consacré au moins une année pour ce tournage, aidés en cela par celui qui, grâce à son vignoble, permet au spectateur de parcourir les routes de Bourgogne et ses grands crus… et de voir un film à consommer sans modération!
Charles DE CLERCQ – RCF
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