En 2014, Freddy Mouchard réalise un documentaire « Compostelle, le chemin de la vie ». Il est projeté en France début 2015, soutenu et promu par le Pèlerin. Il sort en Belgique deux ans plus tard…
Hélas, la sortie du film sera très, voire trop confidentielle. C’est qu’il ne fera pas le poids face aux blockbusters de l’été. Il nous appartient, comme critique cinéma pour RCF en Belgique, pour Dimanche et pour CathoBel, de mettre en valeur des films qui offrent des valeurs positives et invitent l’humain, mais aussi le croyant, l’homme ou la femme en recherche de sens, à sortir des sentiers battus de la consommation de produits formatés. Si le film a, de surcroît, d’indéniables qualités cinématographiques, ce sera un plus mais ce ne sera pas indispensable pour nous, au risque assumé de nous démarquer de confrères et consœurs.
C’est le cas pour ce documentaire. Même si peu de lecteurs de Dimanche auront l’occasion de le voir, il est important d’encourager de telles démarches. Il y a quelques années, Didier, un journaliste de la RTBF, décédé début 2016, nous disait que lui, agnostique, avait discuté du pèlerinage avec un soufi (une branche « mystique » de l’islam). Celui-ci lui avait dit que l’important n’était pas le lieu d’arrivée mais le chemin parcouru. Le film de Freddy Mouchard nous y a fait songer. Il l’a écrit, réalisé, filmé et produit! Il est randonneur et cette aventure a duré trois ans. Il a suivi le parcours de plusieurs pèlerins dont les chemins étaient tous différents. Nous ne voyons pas les visages de ces hommes et femmes qu’il nous est seulement donné d’entendre.
Une offrande
Il « avait envie de faire connaître à travers un film ce que peut ressentir le marcheur qui vit l’aventure de se reconnecter au monde et à lui-même« . Il voulait « explorer le voyage intérieur de celui qui marche sur une longue période« . Et il constate que le pèlerin n’est plus le même à l’arrivée. Il se pose alors ces questions: « Comment ce changement s’opère-t-il? Comment la perception du monde se modifie-t-elle? »
Freddy Mouchard filme la route, des ambiances, fait entendre des sons, des poèmes, nous montre un labyrinthe quasi mystique (ce que certains lui reprocheront). Parce qu’il n’avait rien planifié, rien prévu, il a « profité d’une grande harmonie et d’une grande satisfaction« . Chacune des rencontres a été perçue comme un cadeau. Il a dû apprendre à lâcher prise, laisser place « à l’abandon, à l’écoute, à l’inspiration ».
Son souhait « était donc de se mettre en état de percevoir ce qui était disponible. Ce film est une offrande« . Même s’il ne s’agit pas de grand cinéma, nous pouvons, nous aussi, recevoir ce cadeau et découvrir pourquoi, à l’arrivée, les pèlerins brûlent leurs vêtements, signe de renaissance et d’un avenir à construire, d’une route à reprendre!
Charles DE CLERCQ – RCF
Le site du film: http://compostelle-lefilm.com
Les sorties de la semaine et les critiques de Charles Declercq: cinecure.be ou rendez-vous dans l’émission Cinécure sur RCF Bruxelles (107.6 FM ou rcf.be), le mercredi à 13h10 et 19h15, le samedi à 13h30 et 18h15 ou dans « Cinécure l’intégrale », le dimanche à 17h30. Cette émission est disponible en podcast. A découvrir également, l’émission « Les 4 sans coups »: une fois par mois, Charles Declercq invite ses amis critiques cinéma à partager leur passion pour les films du moment. Une discussion riche en échanges contradictoires, mais toujours dans la bonne humeur ! Le 3e vendredi du mois 21h et le samedi à 17h. Egalement accessible en podcast sur rcf ou sur les4sanscoups.be.