Les actions terroristes du groupe Boko Haram depuis 2014 frappent en particulier les enfants. Nombre d’entre eux sont utilisés dans le cadre d’attentats suicides.
La première étude du Secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits armés a démontré que les mineurs continuent à souffrir à cause de la cruauté de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria. En trois ans, plus de 4.000 enfants sont morts et 1.650 ont été recrutés par le groupe terroriste. Les attaques contre les communautés et les affrontements avec les agents de la sécurité ont fait 7.300 mutilés parmi les mineurs. Le rapport des Nations unies met également en évidence les attentats suicides comme deuxième cause de mort parmi les enfants.
De témoignages de mineurs libérés, il ressort que la majeure partie d’entre eux sont enlevés alors que d’autres acceptent de rejoindre les rangs du groupe pour des motifs économiques ou suite à des pressions familiales. Dans certains cas, les parents eux-mêmes livrent leurs enfants pour bénéficier d’une protection ou d’avantages économiques. Les écoles représentent les principaux objectifs des attaques terroristes. Selon l’ONU, au moins 1.500 établissements scolaires ont été détruits depuis 2014 et 1.280 victimes ont été enregistrées parmi les élèves, étudiants et professeurs. Depuis 2014, ont par ailleurs été enlevés au moins 4.000 mineurs, par la suite victimes d’abus, contraints à se marier et à se convertir à l’islam.
La libération de 82 jeunes filles enlevées par Boko Haram laisse l’Archevêque d’Abuja perplexe
"Nous rendons grâce à Dieu parce que ces jeunes filles ont pu revenir dans le giron de leurs familles mais je me demande comment il se fait que nous ayons dû attendre trois ans pour obtenir ce résultat" déclare à l’Agence Fides S.Em. le Cardinal John Olorunfemi Onaiyekan, Archevêque d’Abuja, commentant la libération de 82 jeunes filles enlevées par Boko Haraam dans leur école de Chibok le 14 avril 2014. "Au cours de toutes ces années, j’ai été de ceux qui ont demandé avec insistance au gouvernement de faire tout le possible pour libérer ces jeunes filles. Le gouvernement nous a répondu qu’il ne pouvait négocier leur libération avec des terroristes, en les échangeant contre des détenus de Boko Haram. Mais c’est ce qui a finalement eu lieu. En vue de leur libération, un certain nombre de chefs de Boko Haram ont été remis en liberté et une somme importante a été versée. N’était-il pas possible de le faire auparavant, en épargnant à ces jeunes filles et à leurs familles trois années de souffrances ?" demande le Cardinal. "Trois années d’angoisse auraient pu être évitées – souligne-t-il. On ne sait pas ce qu’ont subi les jeunes filles mais il suffisait de voir leurs visages à la télévision pour comprendre qu’elles ont passé une longue et terrible période. Parmi elles se trouve une jeune fille avec une jambe amputée. Qui peut par ailleurs mesurer les dommages psychologiques qu’elles ont subi ?".
"Il m’est demandé si, dans le cas où ces jeunes filles avaient été les enfants de quelqu’un de puissant, l’on aurait perdu autant de temps – souligne le Cardinal. N’oublions pas en outre que nous ne savons encore rien du sort de plus de 100 autres jeunes filles. Certaines d’entre elles sont probablement mortes durant les combats, suite à des maladies ou en couches parce que plusieurs d’entre elles ont été mises enceintes par leurs ravisseurs. Que l’on communique au moins le sort de ces pauvres jeunes filles à leurs familles. J’invite tout un chacun à prier pour leur libération" conclut le Cardinal.
Fides - Photo: Des lycéennes nigérianes enlevées par Boko Haram en 2014