Des familles se réinstallent dans leurs anciennes villes où Daech et l'Etat islamique ont laissé des traces. Les églises orientales présentes en Belgique rappellent la nécessité d'aider les chrétiens irakiens.
(c) Comité Soutien aux Chrétiens d'Orient
Une délégation belge menée par le Comité de Soutien aux Chrétiens d'Orient (CSCO) s'est rendue dans le Kurdistan irakien pour faire état de la situation des chrétiens dans cette région dévastée par le conflit. Pour ce quatrième voyage, le père Charbel Eid et les autres Belges qui l'accompagnaient ont constaté que la situation s'améliorait lentement au fur et à mesure du recul de l'Etat islamique. Lors d'une conférence de presse, le prêtre témoignait de ce qu'il avait vu en entrant dans des maisons ou des édifices chrétiens en Irak: "sur les murs, il y avait des messages anti-chrétiens. Une inscription indiquait qu'il n'y avait pas de place pour la Croix (le Crucifix) en terre musulmane". Les Belges ont également constaté que les églises servaient de terrain d'entraînement de tirs pour les enfants embrigadés par Daech: "L'ambon, le lieu de la Parole pour nous, Chrétiens, était criblé de balles…"
Marie Thibaut de Maisières qui accompagnait ce voyage estime que "un tiers des chrétiens d'Irak sont partis définitivement, ils ne reviendront probablement pas. Un autre tiers s'est éloigné de sa région natale et ils pourront revenir si les conditions de sécurité le permettent assez rapidement". La mission belge du CSCO s'est intéressée à la coexistence possible entre les groupes présents dans cette région d'Irak. Ils ont visité des familles accueillies par la communauté kurde. La délégation belge a également entendu la souffrance des Yézidis, mis à l'épreuve depuis la présence de l'islamisme fanatique de Daech dans la région. Le statut des femmes est précaire, des milliers d'entre elles ont été enlevées par les combattants de Daech. Conscients de l'importance de la place des mères, le CSCO soutient la création d'une maison pour femmes à Alqosh pour aider, libérer et éduquer celles qui ont été traumatisées par la guerre. Sans cette aide, la femme irakienne reste marginalisée. "C'est elle qui pourrait transmettre un esprit belliqueux à ces enfants par leur éducation", estime le père Charbel.
L'éducation est un tel enjeu que l'évêché de Mossoul, qui a dû s'exiler à Erbil pour des raisons évidentes de sécurité, a investi dans la construction d'une école primaire ainsi qu'une école technique. Ces infrastructures ne sont pas réservées aux chrétiens puisque Marie Thibaut relève: "95% des élèves sont musulmans". Dans cette problématique de la reconstruction, la question du financement vient rapidement à l'ordre du jour. "Des fonds internationaux ont été débloqués pour la reconstruction de l'Irak", rappelle la délégation belge, "mais ces fonds ne sont pas du tout investis dans les régions chrétiennes". Le père Charbel se fait le porte-parole des chrétiens irakiens: "ils sont des citoyens et des contribuables comme les autres. Ils devraient avoir le droit aux mêmes infrastructures étatiques".
A.-F. de Beaudrap
Découvrez en VIDEO l'interview réalisée par le Comité du Soutien des Chrétiens d'Orient, de Mgr Petros Mouche: "Nous allons reconstruire l'église de Qaraqosh..."
