Au terme d’une campagne ardue, l’élection d’Emmanuel Macron comme président de la République française a mis fin à un suspense de deux semaines. S’il a remporté une large victoire, tout reste à faire pour le nouveau locataire de l’Elysée. En premier lieu, la formation d’une majorité présidentielle.
Si Emmanuel Macron, ce dimanche 7 mai, a été élu président de la République française avec 66,10 % des votes exprimés (contre 33,90 % en faveur du Front national de Marine Le Pen), l’interprétation de ces résultats est moins aisée qu’il n’y paraît. D’une part, en effet, il faut tenir compte d’un fort taux d’abstention (25,44 %) et d’un nombre important de votes blancs ou nuls (plus de 10%); d’autre part, il est difficile, voire impossible, de distinguer entre les votes d'adhésion à la personne et au programme d’Emmanuel Macron, et les votes "par défaut" en sa faveur, dans le but de faire barrage à l’extrême-droite.
Nouvelle campagne
Comme de nombreux observateurs l’ont d’ailleurs indiqué, le plus dur reste à faire pour Emmanuel Macron. Certes, on ne peut nier que l’élection du plus jeune président de la Ve République – et au-delà, le plus jeune dirigeant français depuis Napoléon Bonaparte – est, en soi, un signal fort en faveur d’une France politiquement, économiquement et socialement renouvelée, au sein d’une Europe forte et ambitieuse. Cela dit, si cette élection marque un changement important dans la vie politique de l’Hexagone, du fait qu’il rompt avec les clivages politiques traditionnels entre partis de gauche et de droite, il ne sera pas facile, pour le nouveau président, de rassembler une majorité parlementaire autour de son programme politique, lors des élections législatives des 11 et 18 juin prochains.
Ces élections indiqueront si, oui ou non, l’élection d’Emmanuel Macron représente une réelle rupture, ou si les formations politiques classiques, mais aussi extrêmes, confirmeront leur caractère incontournable dans le paysage politique français – ou reprendont de la vigueur, pour ce qui concerne le parti socialiste.
Dès le soir de sa victoire, le président élu, chantre de la "recomposition", est entré dans une nouvelle campagne, appelant les électeurs à transformer l’essai et à élire une "majorité du changement". Le mouvement "En marche!" devrait donc proposer des listes de candidats aux postes de députés, rassemblant des gens de différents horizons, des politiques mais aussi de nombreuses personnes issues de la société civile, choisies pour leurs compétences.
Une majorité de coalition?
Des personnalités issues d’autres formations politiques pourraient-elles rejoindre le mouvement présidentiel? Si des ralliements individuels sont possibles, les partis, quant à eux, n’ont a priori aucun intérêt à rejoindre prématurément les rangs de la formation politique naissante. Le soir du deuxième tour, François Baroin, l’un des ténors des Républicains, le parti de François Fillon, s’est montré clair à ce sujet: tout membre du parti qui rejoindrait les rangs macronistes, comme ministre ou candidat député serait, de facto, exclu du parti. Par contre, a-t-il également laissé entendre, des élus des Républicains pourrait, après les législatives, prétendre à des postes ministériels, dans le cadre de ce qui serait alors une coalition.
Plus encore que l’élection d’Emmanuel Macron, le vrai changement politique pourrait résider dans cette nouveauté dans l’histoire de la Vè République: un gouvernement de coalition, formé à partir d’une majorité alternative au sein de l’Assemblée nationale française. Plusieurs scénarios sont possibles. Le moins probable: une majorité absolue d’élus macronistes, auquel cas le président pourra former un gouvernement gagné à sa politique, et compter sur le soutien d’une majorité parlementaire.
Deuxième cas de figure, plus probable: aucun des "grands" partis issus du premier tour de la présidentielle (En Marche, FN, LR et la France insoumise) ne remporte la majorité absolue, et le président Macron devra alors chercher des appuis dans une ou plusieurs formations politiques autres que la sienne. Quant à l’exécutif qu’il formera alors, il pourrait prendre la forme d’un gouvernement d’ouverture, tant vers la droite que vers la gauche. Son programme politique et économique, libéral-social sans être véritablement centriste, pourrait favoriser une telle solution politique. Une solution dont la mise en œuvre sera néanmoins délicate. Peut-être le nouveau président pourra-t-il trouver conseil auprès de ses amis belges, familiers des compromis et des coalitions de différentes natures.
Christophe Herinckx
Photo: (c) Wikimedia Commons - Pablo Tupin-Noriega (Wikimedia France)
A Taizé: le soulagement
Sur Facebook, le post du journaliste Laurent Grzybowski, ce 7 mai à Taizé.
350 jeunes chrétiens et musulmans (1ère rencontre islamo-chrétienne de jeunes) rassemblés ce soir dans l'église de la Réconciliation à Taizé, quelques minutes après le résultat de l'élection présidentielle. Dans ma prière, j'ai rendu grâce à Dieu pour la défaite de la haine, de la xénophobie et du repli sur soi. Énorme soulagement. #NousSommesUnis Il nous reste maintenant à bâtir une France apaisée et plus fraternelle.