Moins de trois semaines avant la visite du pape François en Egypte, deux attentats ont été commis contre la communauté copte.
Ce dimanche 9 avril, les chrétiens d’Egypte ont été frappés par deux attentats revendiqués par le groupe Etat islamique (EI). Deux attaques à la bombe perpétrées contre des églises coptes, l’une à Tanta, l’autre à Alexandrie. Plusieurs dizaines de fidèles ont été tués et de nombreux blessés, alors que la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient fêtait le dimanche des Rameaux. L'explosion est survenue peu avant 10 heures dans l'église copte Mar Girgis (Saint-Georges) où les fidèles célébraient l'entrée dans la Semaine Sainte. La célébration était retransmise en direct sur une chaîne de télévision égyptienne, jusqu'au moment de la déflagration. "L'explosion a eu lieu aux premiers rangs, près de l'autel, durant la messe", a précisé le ministère égyptien de l'Intérieur.
A Alexandrie, dans le nord du pays, un homme a tenté d'entrer dans l’église copte Saint-Marc, déclenchant finalement sa ceinture d’explosifs devant l’édifice. A l’intérieur de celui-ci, le patriarche copte orthodoxe Tawadros II était en train de célébrer la messe des Rameaux. Il n’a pas été blessé, a précisé rapidement l’Eglise copte. Onze fidèles ont été tués et de nombreux blessés.
Voyage remis en question?
Ces deux attentats interviennent quatre mois après une attaque suicide de Daesh qui a fait 29 morts à l'église copte Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire, le 11 décembre 2016. En la revendiquant, l’organisation djihadiste Etat islamique avait affirmé à l'époque toute sa détermination à continuer les attaques contre "tout infidèle ou apostat en Egypte et partout". Mais surtout, ces attaques quasi-simultanées ont eu lieu - et sans doute n'est-ce pas un hasard - alors que le pape François doit se rendre au Caire pour un voyage apostolique les 28 et 29 avril.
Ces attentats remettront-ils en question le voyage du souverain pontife? Pas sûr: on connaît la détermination de François qui n'a jamais hésité à se rendre dans des pays jugés "dangereux" car en proie à des attaques terroristes ou à des attaques de groupes armés. D'ailleurs, interrogé par un site vaticaniste, ce lundi, Mgr Angelo Becciu, substitut de la secrétairerie d’Etat a affirmé: “Il ne fait aucun doute que le Saint-Père maintiendra sa proposition d’aller en Egypte les 28 et 29 avril. L’Egypte nous a assuré que tout se passera pour le mieux, nous partons donc confiants”.
Après la prière de l’Angelus, le pape a fait part de ses condoléances, ses prières et sa proximité pour "son cher frère", le patriarche Tawadros II, l’Eglise copte, et "toute la chère nation égyptienne", ainsi qu'aux défunts, aux blessés et leurs familles. "Que le Seigneur convertisse le cœur des personnes qui sèment la terreur, la violence et la mort, ainsi que le cœur de ceux qui fabriquent et trafiquent les armes", a poursuivi François, précisant que tant l'attentat au camion bélier en Suède, le vendredi 7 avril - attaque qui a fait quatre morts dont une psychologue belge de l'Office des étrangers, intervenait "alors que le Christ entre dans la Passion". Le Saint-Père a confié à la Vierge toutes les victimes de ces attentats terroristes et tous ceux qui "sont encore durement éprouvés par la guerre, malheur de l'humanité".
Une communauté, cible des islamistes radicaux
La communauté copte d'Egypte est depuis des années la cible d'attentats meurtriers. Cette communauté chrétienne est la plus nombreuse du Moyen-Orient et l'une des plus anciennes puisque ses origines remontent à l'aube du christianisme. Près de 10% des 90 millions d'Egyptiens appartiendraient à la communauté copte dans un pays où les musulmans sunnites représentent la majorité de la population.
Les Coptes subissent régulièrement des représailles d'islamistes radicaux qui leur reprochent d'avoir soutenu l'éviction du président islamiste Mohamed Morsi, le seul président élu démocratiquement d'Egypte, un an tout juste après son accession au pouvoir. Et comme dès son accession à la présidence, l'ex-général Al-Sissi s'était rendu dans une église copte, le ressentiment des islamistes radicaux n'a fait qu'augmenter. Ainsi, depuis l'été 2013, plus de 40 églises ont été incendiées ou endommagées, ainsi que des dizaines d'écoles, de maisons et de commerces appartenant à des Coptes, selon Human Rights Watch, qui accuse les forces de l'ordre d'avoir été absentes lors de ces attaques confessionnelles.
Précisons encore que l'évêque copte catholique d'Assiout, Mgr Kyrillos William, s'est exprimé sur les ondes de Radio Vatican, juste après ces deux attentats, disant toute sa tristesse, tout en reconnaissant que les chrétiens égyptiens s’attendaient et s'attendent encore, hélas, à de nouvelles attaques.
J.J.D. (avec agences)