Théâtre: Lettres à Nour


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Théâtre: Lettres à Nour
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
2 min

Fin janvier, le Théâtre de Liège avait attiré de très nombreux spectateurs pour la mise en scène par Rachid Benzine de son propre récit "Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir?" (Seuil, 2016) Après une première distribution fantastique (Tania Garbarski et Charlie Dupont), cette pièce est désormais en tournée, en collaboration avec les écoles.

Cette expérience théâtrale nous plonge dans la correspondance intime d’un père avec sa fille partie rejoindre Daesh. L’idée n’est pas de traiter de la radicalisation en soi. D’ailleurs, saura-t-on jamais ce qui a vraiment motivé Nour à réjoindre Falloujah ? Elle y épouse un responsable régional de l’Etat islamique rencontré sur internet. Etudiante brillante en philo et sciences religieuses, nourrie par l’intelligence de son père… la voilà pourtant engagée sous le drapeau noir au service, dit-elle, d’un engagement pour les plus faibles, et d’un monde nouveau à la gloire d’Allah. Lettres à Nour remet en cause nos certitudes et nous questionne. Pourquoi cette illusion de Nour, ce déni face aux horreurs de Daesh ? Dans ces échanges de lettres, il y a bien entendu la confrontation intelligente des idées, mais il y a plus que cela. Nour ne semble pas opposée à l’héritage musulman de son père. A bien des égards, ils ont les mêmes valeurs, un même idéal spirituel. Mais l’immense différence qui les sépare brutalement, c’est la soudaine défiance de la raison, l’exclusion ou la haine des autres, l’absolutisation d’une logique à accomplir et la minimisation de ses conséquences mortifères. Face à cette violente descente aux enfers de Nour, son père ne se contente pas de lui prêcher l’amour, mais il continue à l’aimer jusqu’au bout. Lui qui ne devient plus que l’ombre de lui-même, il continue d’engendrer Nour, qui signifie lumière en arabe. C’est finalement l’histoire d’un père et de sa fille qui incarnent ensemble une promesse de vie: contre toutes les ténèbres, on ne peut aimer en vain. La vie ne peut s’éteindre. C’est pourquoi Lettres à Nour ouvre à un imaginaire d’espérance.

Nul doute que les jeunes des écoles profiteront de cette opportunité artistique pour appréhender la réalité avec plus de finesse, et que les débats qui s’engageront se révéleront d’utilité publique et profondément porteurs de sens.

Sébastien BELLEFLAMME

Le mercredi 29 mars au Centre culturel de Dison (10h30: scolaire - 16h: associatif)

Le mercredi 19 avril à 20h au Centre culturel de Ans (Entrée gratuite)

Les dates de la tournée via la page Facebook

 

Catégorie : Belgique

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