Le jour de la rentrée scolaire 2017-2018 sera aussi la fête du Sacrifice. Mais la ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits, ne veut pas entendre parler d’un report généralisé.
Le vendredi 1er septembre 2017, les élèves du primaire et du secondaire sont attendus à l’école pour la rentrée. Mais il est à prévoir qu’un grand nombre d’entre eux seront absents, car les musulmans fêtent la fête du Sacrifice ce même jour. Dans l’enseignement flamand, une décision du gouvernement de 1997 stipule que les élèves musulmans peuvent avertir à l’avance qu’ils ne viendront pas à l’école le jour de l’Aïd el-Kebir et sont alors considérés comme « légitimement absents ». Mais comment faire quand le jour concerné tombe le jour de la rentrée?
La fête du Sacrifice un 1er septembre vient quelque peu compliquer une rentrée qui l’était déjà puisqu’elle tombait un vendredi… Bon nombre de familles revenant de vacances le 31 août vont alors sûrement garder leurs enfants à la maison pour qu’ils « récupèrent » un peu… C’est pourquoi la plupart des écoles, qui organisent cette rentrée avant les vacances de Pâques, ont d’ores et déjà réfléchi à des solutions. Par exemple: le report de la rentrée au lundi 4 septembre. Plusieurs directions en ont déjà fait la demande à la ministre de l’Enseignement flamand, Hilde Crevits (CD&V).
Polarisation
Mais cette dernière vient d’annoncer publiquement qu’elle ne compte pas valider cette requête. « Les directions disposent de la possibilité d’organiser un jour de congé facultatif », dit la ministre Crevits. « Quand elles veulent reporter la rentrée au lundi 4 septembre par respect pour le vécu religieux d’une partie de leurs élèves, elle peuvent parfaitement le faire sans que nous devions rompre avec la tradition flamande de commencer en général l’année scolaire le 1er septembre. » Des écoles organiseront ainsi la « journée de formation pédagogique » ce jour-là.
Que Hilde Crevits renvoie la patate chaude aux écoles elles-mêmes, est bien sûr étroitement lié à la composition du gouvernement flamand. Les nationalistes de la N-VA se servent en effet de chaque occasion pour ranimer la polarisation par rapport à l’esprit d’ouverture des écoles en général et des écoles catholiques en particulier. Pourtant, le directeur général de écoles catholiques flamandes, Lieven Boeve, a précisé dans un communiqué de presse que ce n’est pas lui qui insiste sur un report généralisé de la rentrée, bien que « l’Evangile nous exhorte à entrer en dialogue avec ceux pour qui il s’agit d’une importante fête religieuse« .
« Les parents non musulmans devraient chercher à faire garder leurs enfants pendant qu’ils vont au boulot ce vendredi 1er septembre », a fulminé le député flamand Koen Daniëls (N-VA). « Après l’idée d’organiser des espaces de prière à l’école, voilà encore une tentative de capitulation! La rentrée doit demeurer le 1er septembre, toujours, partout et pour tout le monde. C’est la fin des vacances, la rentrée et la reprise du rythme ordinaire de travail. Voilà ce qui est clair et net. » Ainsi, la N-VA continue à refuser toute « concession » à la diversité… et les sociaux-chrétiens comme Hilde Crevits suivent.
Benoit LANNOO