« The Other Side of Hope » est une fable humaniste et politique où le réel est éclairé par l’absurde et l’étrange, parfois même par l’humour. Il pose la question de la place pour l’étranger en Finlande, mais aussi… chez nous.
L’action du film se situe à Helsinki. Deux destins s’y croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée, mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile.
Le réalisateur Aki Kaurismäki se focalise sur trois éléments: les immigrés qui arrivent clandestinement en Finlande, la politique d’accueil de son pays via ceux qui en sont chargés sur le terrain et enfin, ceux qui veulent garder la pureté du pays et de la « race » finlandaise! Il le fera par la rencontre de destins individuels que le hasard de l’existence mettra en contact.
Humour et intégrité
« The Other Side of Hope » est un très beau film, très humain à découvrir pour les questions soulevées et qui ne concernent pas que la Finlande. Les cinéphiles qui aiment le cinéma de Kaurismäki seront en terrain connu. Un territoire qui mérite d’être exploré par les autres, même s’il faudra faire quelques efforts pour marcher sur ces terres qui leur sont étrangères, mais également pour voir le film projeté en version finlandaise sous-titrée en français.
Les acteurs principaux ainsi que les seconds rôles sont au service d’un film que l’on pourrait qualifier de « politique » au sens noble du terme. Le réalisateur précise: « Avec ce film, je tente de mon mieux de briser le point de vue européen sur les réfugiés considérés tantôt comme des victimes objets de notre apitoiement, tantôt comme des réfugiés économiques qui, avec insolence, veulent prendre notre travail, nos femmes, nos logements et nos voitures. La création et le développement de nos préjugés en stéréotypes ont une sombre résonance dans l’histoire de l’Europe. L’autre côté de l’espoir est, je l’avoue volontiers, un film qui tend dans une certaine mesure et sans scrupules, à influer sur l’opinion du spectateur et essaie de manipuler ses sentiments pour y parvenir. Cette tentative évoquée ci-dessus va naturellement échouer, mais il en reste, j’espère, un film intègre, un peu triste, porté par l’humour et un peu réaliste sur les destins de quelques hommes dans ce monde aujourd’hui. »
On ne peut qu’apprécier cette démarche du réalisateur qui, très lucide, n’est pas dupe de l’impossible succès de sa démarche.
Charles De CLERCQ – RCF
www.cinecure.be
Les sorties de la semaine et les critiques de Charles Declercq: cinecure.be ou rendez-vous dans l’émission Cinécure sur RCF Bruxelles (107.6 FM ou rcf.be), le mercredi à 13h10 et 19h15, le samedi à 13h30 et 18h15 ou dans « Cinécure l’intégrale », le dimanche à 17h30. Cette émission est disponible en podcast. A découvrir également, l’émission « Les 4 sans coups »: une fois par mois, Charles Declercq invite ses amis critiques cinéma à partager leur passion pour les films du moment. Une discussion riche en échanges contradictoires, mais toujours dans la bonne humeur ! Le 3e vendredi du mois 21h et le samedi à 17h. Egalement accessible en podcast sur rcf ou sur les4sanscoups.be.