Demander à un artiste d’où vient son inspiration et ce que représentent ses tableaux est parfois difficile. Surtout lorsque le français n’est pas sa langue maternelle. Avec la peintre Mei-Ling Peng, la passion et le talent remplacent les explications.
Profondément enracinée dans le message de la Bible et en même temps inspirée des traditions ancestrales de la Chine de son enfance, Mei-Ling Peng (photo ci-contre) fait le lien entre les deux berges de ce même fleuve. « Depuis vingt-cinq ans que je suis à Bruxelles, je ne me suis jamais sentie aussi Chinoise!« , s’étonne-t-elle. Qui aurait prédit à sa famille qu’elle deviendrait une artiste internationale? « Tu es, parmi mes enfants, celle qui habite le plus loin, confie aujourd’hui sa maman. Pourtant, je ne m’inquiète pas pour toi car tu as la foi!«
Née au sein d’une famille traditionnelle chinoise, Mei-Ling Peng a été éloignée très jeune de ses grands-parents très aimants. Avec ses parents, la famille est partie s’installer dans le Nord de Taïwan. Avec pudeur aujourd’hui, elle raconte que ses parents lui laissaient une grande autonomie, qui contrastait avec la tendresse chaleureuse que son grand-père et sa grand-mère lui portaient. Le choc religieux viendra pour Mei-Ling lors de la cérémonie de funérailles de son aïeul: « Je ne comprenais pas pourquoi le défunt était habillé d’une grande et belle tenue cérémoniale. A quoi cela servait-il puisqu’il était mort? » La jeune fille de l’époque est aussi intriguée que ce soit son grand-père, très pieux, qui fasse l’objet de tant d’attentions pour faciliter le passage de son âme vers l’au-delà. « J’ai encore le souvenir du temps qu’il prenait matin, midi et soir, pour prier les ancêtres« , raconte-t-elle. Mei-Ling commence alors à s’interroger sur ce qui pourrait exister, y compris hors du monde perceptible: « Je cherchais la Vérité, je l’ai trouvée avec la foi.«
Reprendre à zéro
Baptisée à 18 ans, à l’époque en cachette de sa famille, elle poursuit depuis, inlassablement, la découverte du message de Dieu par les Ecritures. A cette époque, elle travaillait comme institutrice. Elle éveillait les petits élèves à l’art de la peinture. Mei-Ling garde, elle aussi, la soif d’apprendre. C’est ainsi qu’en 1989, elle prend la décision, avec son mari et ses deux enfants, de quitter Taïwan pour rejoindre Bruxelles. Pourquoi la Belgique? Un oncle diplomate a vanté auprès d’elle la qualité de la ville et des structures d’enseignement, autant pour l’art que la théologie. « Retrouver un statut d’étudiant à plus de trente ans était bizarre« , confie l’artiste avec le recul. Et aussi apprendre le français aux côtés d’autres étudiants beaucoup plus jeunes, n’était pas une démarche aisée.
« La peinture est une invitation à un exercice spirituel, mélange d’Orient et d’Occident« , expliquait Mei-Ling en introduction d’une précédente exposition à Bruxelles. En regardant ses toiles, le spectateur peut effectivement percevoir le mouvement de la création en marche, ainsi que l’implication de l’artiste dans un monde en devenir. Dans son atelier de travail, une partie de la table est couverte de petits livres ou carnets dans lesquels elle dessine le reflet de sa méditation du jour. Elle prend régulièrement le temps de lire l’Evangile ou un autre livre de la Bible. Parfois, l’inspiration vient aussi de la musique. Ses œuvres sont généralement teintées de joie et d’optimisme, qui sont deux traits dominants chez elle. « Même pour un chemin de croix, plaisante-t-elle, je ne me verrai pas faire du Mel Gibson. » Si l’artiste cite cet exemple, ce n’est pas un hasard. Elle réfléchit sur la thématique du Salut du monde par la Croix, pour de prochaines créations. « Je voudrais montrer la joie de se savoir sauvée par Dieu« , insiste-t-elle.
Anne-Françoise de BEAUDRAP
Regardez ces œuvres sur www. http://mlpeng.wixsite.com/pengmeiling
> Lire l’intégralité de cet article dans le journal Dimanche n°8 du 26 février 2017 – S’abonner à Dimanche