Ce 1er février, la Loi Peeters sur le «travail faisable» vient d’être votée en Commission Affaires sociales. Cette nouvelle loi inquiète la Ligue des familles tant elle pourrait compliquer encore la vie des parents.
Majorité contre opposition, avec abstention du CdH, la loi sur le « travail faisable et maniable » présentée par le Vice-premier, ministre de l’Emploi Kris Peeters, a été adoptée à la Chambre. « Cette réforme permet à notre marché du travail de se préparer au 21ème siècle« , souligne le Vice-Premier Ministre Kris Peeters. Le premier effet concerne l’annualisation du temps de travail qui permet de dépasser la base hebdomadaire de 38 heures/semaine. La loi prévoit également la possibilité pour le travailleur de prester (volontairement) 100 heures supplémentaires payées. Le texte adopté précise enfin le cadre légal pour le télétravail occasionnel quand il est rendu nécessaire par une visite médicale ou la venue d’un technicien. En présentant ce projet de loi, Kris Peeters insiste sur l’équilibre que celui-ci apporte entre travail faisable et maniable, d’où le nom donné à cette loi.
Du côté des organisations familiales, le point de vue est différent. Les études menées par la Ligue des Familles montrent que la conciliation entre vie familiale et professionnelle est déjà la principale difficulté des parents. « Face aux besoins des enfants et à l’augmentation du nombre de burn-out, la loi Peeters n’est pas une solution‘, conclut la Ligue.

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Dans le communiqué de presse publié à l’occasion de l’adoption de la Loi Peeters, l’association pointe notamment du doigt « la possibilité de travailler jusqu’à 45 heures par semaine à certains moments de l’année. » Evidemment, il faut renforcer la flexibilité pour les entreprises afin d’augmenter leur compétitivité. « Mais les parents sortent oubliés de cette réforme. Si la flexibilité leur est précieuse, il doit s’agir à l’inverse une flexibilité choisie, anticipée et maîtrisée afin de permettre une meilleure conciliation entre temps de travail, vie familiale et loisirs. »
Une question de santé publique
Pour ce constat, la Ligue des familles s’appuie sur le Baromètre des parents, dont les résultats publiés en décembre 2016 dressent un état des lieux de la situation: 8 parents sur 10 manquent de temps et déplorent des difficultés pour concilier travail, famille, activités personnelles, etc. Ce manque de temps entraîne du stress et de la fatigue à tel point que plus d’un parent sur cinq indique ressentir un risque de burn-out parental. «La bonne conciliation entre temps de travail et vie familiale devient dès lors une question de santé publique, analyse Delphine Chabbert, secrétaire politique de la Ligue des familles. Dépression, arrêts de travail, burn-out… Autant de difficultés graves au niveau personnel, qui entraînent aussi une explosion du budget de l’Inami sur la santé mentale. La nouvelle loi n’y répond pas, c’est une aberration.» Enfin, les femmes sont les plus touchées: elles portent encore le poids de la double journée entre travail rémunéré, soin aux enfants, entretien de la maison, etc.
A.-F. de Beaudrap