C’est la cinquantième fois déjà que les catholiques prient en particulier pour la paix le Jour de l’An, nous rappelait Jean-Luc Blanpain, curé de Bruxelles-Centre, à l’issue de la marche pour la Paix qui reliait Molenbeek à Bruxelles dimanche passé.
Le pape Paul VI a appelé le 1er janvier « Journée de la Paix » en 1968 et la Communauté de Sant’Egidio organise dès lors depuis plusieurs années des « marches pour la Paix » dans différentes villes au monde entier – en Belgique : à Anvers, Bruxelles et Liège. À Bruxelles, le point de départ était le parvis Saint-Jean-Baptiste à Molenbeek, où quelques cent cinquante courageux s’étaient rassemblés malgré le froid pour une marche aller-retour le long du Canal vers le centre Fedasil au Petit Château. La présence de deux groupes de jeunes scouts musulmans en tête du cortège était particulièrement encourageante ; ils avaient fait leurs propres pancartes appellant à la paix et à la non-violence et étaient fort convaincus de leur cause. C’est entre autres à eux que s’est adressé Walter Benjamin lors de son allocation à la fin de la marche.
Lors de l’attentat à Zaventem le 22 mars dernier, le photographe juif était sur le départ pour rendre visite à son ex-épouse et sa fille en Israël. « Ma jambe avait explosée en mille morceaux », raconte-t-il. « Un jeune musulman, Hassan, m’a prêté un téléphone afin que je puisse avertir mes proches. Il a entendu que je parlais d’Israël ; vu le conflit entre Israël et les Palestiniens, il aurait pu s’en tenir là… Mais Hassan a continué à m’aider, il m’a embarqué dans une ambulance, il m’a accompagné à l’hôpital et il est venu par après me rendre visite tous les jours. »
Entre les deux hommes, le juif et le musulman, s’est tissée depuis une fraternité qui surpasse largement leurs différences. « Un des rêves d’Hassan était d’aller prier à la Mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. Moi pour ma part, j’ai pu lui expliquer ce qu’a été la Shoah… Car ces jeunes n’en savent rien ! Aux politiques qui écoutent mon témoignage, je n’ai qu’une seule consigne : investissez des millions, des milliards dans l’éducation, la formation, l’insertion de ces jeunes. Ils ne demandent pas mieux… et c’est le seul bon antidote contre l’incompréhension et la violence. »
Benoit Lannoo – Photos: Départ du cortège sur le parvis Saint-Jean Baptiste à Molenbeek – Walter Benjamin (au milieu) témoigne de son amitié avec des jeunes musulmans comme Hassan ou Oussama (à gauche) (© Sant’Egidio)