Plusieurs initiatives se mettent en place pour que tout le monde puisse béné cier d’une belle coupe de cheveux à un tarif abordable. Des salons à caractère social se sont mis en place à Liège notamment, ainsi qu’à Vielsalm, en partenariat avec la Croix-Rouge.
Quand il faut faire des économies, une personne en dif cultés nan- cières abandonnera les visites chez le coiffeur ainsi que les soins de beauté. Dépenser 30 à 40 euros pour ses che- veux est moins prioritaire que de man- ger ou de se loger. Et pourtant, être à l’aise dans sa tête et bien coiffée peut changer l’avenir de cette personne. Par exemple, pour se présenter à un entretien d’embauche, il est préférable d’être habillé et coiffé convenablement. A Liège, Elyane souffrait de ne plus avoir la possibilité nancière de se teindre les cheveux, et avec l’âge, de nombreuses repousses grises parse- maient ses cheveux noirs. « Depuis que je me rends au salon, raconte-t- elle, je me sens mieux dans ma peau, je ne reste plus chez moi par peur du regard des autres. » D’autres clients, en majorité des femmes, avaient renoncé aux soins des cheveux depuis quatre ou cinq ans. « Ce n’est plus pour moi! », regrettaient-ils… jusqu’à connaître ces initiatives sociales qui permettent de remettre la coiffure sur la liste des services accessibles.
Une grande famille
Il y a deux ans, à Liège, une poignée de bénévoles – des volontaires, comme ils se plaisent à s’appeler – ont déci- dé de permettre aux femmes dans la précarité de se sentir elles-mêmes, de retrouver une dignité et un bien-être personnels. Et depuis, l’asbl liégeoise L Coiff voit le nombre de ses clientes augmenter sans cesse. Le service n’est pourtant pas gratuit: 5 euros la coupe et le brushing, 10 euros la coloration. Mais il est particulièrement abordable, loin des tarifs pratiqués habituellement dans les salons: jusqu’à 80 euros, voire plus. Les produits utilisés sont profes- sionnels, identiques à ceux des coiffeurs classiques. En plus d’un traitement du cheveu, les clientes trouvent dans ce salon convivialité et chaleur hu- maine, comme en témoigne Christine: « L’ambiance n’est en rien comparable aux salons commerciaux. Ici, c’est une grande famille, des liens se créent. Et on est ères de se montrer! »
L’asbl compte à présent un chier de 1.141 clientes régulières, et la liste d’attente ne fait que s’allonger. Certains doivent attendre près d’un mois avant le premier rendez-vous. Le deuxième dé qui attend L Coiff concerne son im- plantation: le local de Feronstrée, où le salon est installé actuellement au cœur de Liège, doit être libéré. L’association poursuit également un objectif d’aide à l’emploi en embauchant deux coif- feuses à mi-temps, à la sortie de leur formation. Tout cela a un coût: outre le prix élevé des produits, il faut aussi payer le salaire des coiffeuses. Le salon fait appel aux dons des particuliers. Le concours organisé par GOOD-4YOU leur a aussi donné un coup de pouce: « Nous avons gagné le prix Ardent ! »
« Je connais les difficultés »
A Vielsalm, dans la province de Luxembourg, l’idée est née spontané- ment de la coiffeuse elle-même. Marie con ait à l’ouverture du salon, en mars dernier: « Je suis moi-même au CPAS. Je connais les dif cultés des personnes à faibles revenus pour se faire coiffer et retrouver un peu d’estime de soi. Je
voulais au départ me proposer comme bénévole pour coiffer les sans-abri. » En association avec l’antenne locale de la Croix-Rouge, le CPAS de Vielsalm a embauché cette coiffeuse à mi-temps. C’est également cet organisme public qui détermine quels béné ciaires pour- ront être coiffés trois fois moins cher que dans un commerce habituel. Le prix de la coupe varie de 3 à 10 euros. Pour une coloration, il faut compter 15 euros.
Ce service social dans la coiffure est une première pour le réseau Croix- Rouge de Belgique. A la n de cette première année, Jean-Louis Delhalle, le président de la Maison Croix-Rouge Salm et Ourthe, constate: « Le public qui fréquente ce salon est principalement composé de femmes de 20 à 45 ans. » Il se félicite d’avoir obtenu généreu- sement une grande partie du matériel nécessaire pour assurer coupe, sham- pooing et coloration, de différents do- nateurs: les fauteuils et autres mobi- liers viennent de l’ambassade d’Italie qui avait installé un salon de coiffure qui n’a jamais servi. Le petit maté- riel a été donné par des apprentis qui l’avaient acheté pour leur formation de coiffure, avant d’arrêter les études. « Il n’y a que les produits consommables que nous achetons, précise le président de la Croix-rouge locale. Nous sommes en dé cit sur cette activité. » Cela n’em- pêche pas Jean-Louis Delhalle de faire part de cette expérience à d’autres antennes Croix-Rouge, histoire de leur donner des idées.
✐ Philippe BALDELLI / Anne- Françoise de BEAUDRAP