Une bombe a explosé ce dimanche 11 décembre à l’intérieur d’une église copte du Caire en pleine célébration, tuant une vingtaine de fidèles, essentiellement des femmes et des enfants. C’est la pire attaque contre cette minorité religieuse depuis 2011.
23 morts et 49 blessés dont de nombreux dans un état grave, tel était le dernier bilan donné par le ministère égyptien de la santé après le terrible attentat commis dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Toutes les victimes, à une exception près, étaient des femmes et des enfants. La bombe a en effet été placée dans la section de l’église réservée à ceux-ci. L’explosion entendue dans tout le quartier, a eu lieu en pleine célébration, dans une église située dans l’enceinte de la cathédrale copte orthodoxe Saint-Marc du Caire. Le lieu visé par l’attaque de ce dimanche est donc hautement symbolique, tant religieusement que politiquement. En avril 2013, alors que la confrérie des Frères musulmans était au pouvoir, la cathédrale, siège du pape copte Tawodross II, avait déjà été attaquée aux cocktails Molotov et à l’arme à feu par des centaines d’islamistes.
A travers cet attentat, c’est évidemment l’ensemble de la communauté copte (neuf millions de coptes d’Egypte plus les deux millions de la diaspora ) qui est visée, soit. Les islamistes les accusent de soutenir le président Sissi. Depuis son arrivée au pouvoir, ce dernier s’est rendu à chaque Noël copte dans cette cathédrale où il était d’ailleurs acclamé. Néanmoins, un nombre croissant de coptes pense que l’Etat ne les défend pas assez.
Tensions communautaires
Ces derniers mois, les attaques se sont en effet multipliées contre cette communauté en Egypte. Des maisons de familles chrétiennes ont été prises pour cible et ces dernières ont étéchassées de leur village, notamment dans la province de Minya, en Haute-Egypte. Des chapelles ont également été incendiées. Mais aucune condamnation n’a été prononcée par la Justice.
Ces tensions confessionnelles ne sont pas chose nouvelle en Egypte, mais elles semblent s’aggraver. Un projet de loi sur la construction d’églises pourrait en être la cause. Fin août, le synode de l’Église copte-orthodoxe avait annoncé être parvenu à un accord avec le gouvernement égyptien sur ce projet de loi qui abroge la législation en vigueur (datant de l’ère ottomane), très restrictive à l’égard des édifices chrétiens.
Funérailles nationales
L’imam de la plus haute institution de l’islam sunnite en Egypte, Al-Azhar, a tout de suite condamné cette attaque. « Cibler des lieux de culte et tuer des innocents est un acte criminel qui viole les enseignements de l’islam », a-t-il déclaré, exprimant « toute sa solidarité » avec l’église touchée, « connue pour ses positions patriotiques ». Des funérailles nationales ont d’ailleurs été organisées lundi et trois jours de deuil national ont été décrétés.
De son côté, lors de l’Angelus, le pape François a appelé à prier pour les victimes et exprimé sa proximité toute particulière pour son « cher frère le pape Tawadros II et sa communauté », lors d’un weekend décidément bien sombre dans cette partie du monde, marquée également par des attentats en Turquie et par l’offensive lancée par le régime syrien sur les quartiers orientaux d’Alep. Sur ce dernier sujet, le Saint-Père a appelé à ne pas oublier que « Alep est une ville où vivent des familles, des enfants, des personnes âgées ou malades » et déploré que « nous nous soyons habitués à la guerre, à la destruction ». « Mais nous ne devons pas oublier que la Syrie est un pays plein d’histoire, de culture et de foi » a insisté le Pape. Pour la Syrie, le Saint-Père en a appelé « à l’engagement de tous, parce que nous faisons face à un choix de civilisation ». Il a appelé à dire « non à la destruction, oui à la paix, oui au peuple d’Alep et à la Syrie ».
Pierre GRANIER