Documentaire – “Les Pépites”, l’aventure d’un couple au cœur d’or


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Documentaire – “Les Pépites”, l’aventure d’un couple au cœur d’or
Par Natacha Cocq
Publié le - Modifié le
4 min

Sauver des enfants cambodgiens survivant dans une décharge, en les nourrissant et en les scolarisant, c’est la magnifique aventure humaine dans laquelle se sont lancés Christian et Marie-France des Pallières il y a vingt ans, et qui continue encore aujourd’hui. Un film sur cette belle histoire sort ce mercredi au cinéma.

Une odeur pestilentielle, des enfants qui n’ont plus mangé depuis la veille, qui fouillent pieds nus dans les ordures fumantes de la décharge à ciel ouvert de Phnom-Penh en espérant trouver de quoi se nourrir… Lorsque Christian et Marie-France des Pallières découvrent ce triste spectacle au Cambodge, ils sont bouleversés et décident d’agir. Le couple de Français va aider ces enfants et tout faire pour leur redonner le sourire. Il crée alors "Pour un sourire d’enfant" (PSE). Aujourd’hui, vingt ans plus tard, l’association a permis à plus de trois mille cinq cents jeunes défavorisés de s’en sortir et d’entrer dans la vie active avec un diplôme en poche, tandis que sept mille élèves sont encore scolarisés grâce à elle.

Lorsqu’avec votre mari, vous vous retrouvez devant la décharge de Phnom-Penh, c’est le choc. Et là vous décidez d’agir et demandez aux enfants qui sont devant vous ce dont ils rêvent le plus. Qu’ont-ils répondu?

"Un repas par jour et aller à l’école." Avec Christian, on a commencé par donner quelques repas, avec les moyens qu’on avait. Puis on est repartis en France. On avait pris quelques photos. On en a parlé à nos amis et on a fait une première tournée pour récolter des fonds afin de pouvoir démarrer quelque chose. Après l’hiver, on est retournés au Cambodge.

Nous avons d’abord créé une petite paillotte près de la décharge pour pouvoir nourrir et soigner les enfants, parce qu’ils avaient des bobos partout. Ils se blessaient avec des tas de trucs, ils avaient des plaies infectées. Et puis on s’est dit qu’il fallait les scolariser, donc on a loué une première maison et on a engagé deux-trois instituteurs.

Aujourd’hui, comment s’organise l’école?

Avec PSE, on fait du rattrapage scolaire pour ne pas faire ce que le gouvernement fait déjà.

Les enfants qui ne sont pas particulièrement en danger, ni en retard scolairement, sont scolarisés dans des écoles publiques. Petit détail, en primaire, les enfants prennent même leur douche à l’école. Ils la prennent le premier jour, parce que quand ils arrivent de la décharge, ils sont sales. Ils n’ont pas de quoi se laver là-bas et passent parfois trois semaines sans voir une goutte d’eau.

Et depuis les années 2000, on propose aussi une formation professionnelle. Parce qu’on s’est aperçus que les enfants, même lorsqu’ils avaient leur brevet, ne trouvaient pas de travail et se retrouvaient quand même sur la décharge.

Vous avez vu les conditions de vie s’améliorer en vingt ans au Cambodge?

Oui. Il y avait 50% de Cambodgiens en-dessous du seuil de pauvreté, on n’est plus qu’à 30%. Mais il y en a encore trente, donc il reste du travail! Des enfants sont encore maltraités, violés, battus. Certains travaillent au lieu d’aller à l’école. Les assurances n’existent pratiquement pas, même si ça commence à se mettre en place. Le Cambodge se développe assez rapidement et du coup, il y a un écart important qui se creuse entre les riches et les pauvres. Il y a encore des gens qui survivent tout juste à la campagne. Pour peu qu’il y ait des années de sécheresse ou une inondation, ils perdent tout. Ils n’ont pas été scolarisés et n’ont pas d’autres solutions que de venir en ville en espérant trouver quelque chose. Soit ils mendient, soit ils deviennent chiffonniers.

Dans le film, on vous voit avec votre mari dire à ces enfants que vous les aimez, que vous vous inquiétez pour eux. Eux sont émus car c’est la première fois que ces mots leur sont adressés…

Dès le départ nous avons pris ces enfants sous notre protection. Ils voulaient nous appeler papa et maman, mais on estimait qu’on n’avait plus l’âge, en plus certains avaient encore des parents, donc nous avons choisi Papy et Mamie. Et maintenant, même la reine nous appelle comme ça.

Pourquoi le documentaire porte-t-il ce nom, Les Pépites?

Parce qu’une pépite d’or, au départ, se trouve dans de la boue, de la terre et de la caillasse. Et quand on la nettoie, elle peut devenir un bijou magnifique. D’ailleurs, quand on a vu l’association du nom avec l’affiche et ces enfants qui sautent de joie, on s’est dit que ça "collait" très bien. En plus, Christian disait toujours "ces enfants, c’est de l’or".

Natacha COCQ

Pour parrainer un enfant cambodgien, afin qu’il aille au bout de ses études: www.pse.ong/fr/belgique

Le film Les Pépites est à l’affiche :

A l’Actor’s Studio à Bruxelles

Au Plaza à Mons

Au Caméo à Namur

Au Churchill à Liège à partir du 28 décembre

Catégorie : Culture

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