Les Missionnaires de la divine Révélation, dites « les sœurs vertes », sont des guides de référence pour les pèlerins et touristes en quête de sens. Pour elles, la portée narrative de l’art constitue une voie privilégiée d’évangélisation.
Depuis quelques années, les Suore verdi, que l’on rencontre régulièrement aux abords des joyaux du patrimoine artistique romain, suscitent la curiosité des visiteurs. Alors que d’aucuns les associent à un mouvement écologiste, d’autres croient reconnaître dans cette couleur le symbole de l’espoir et de la tempérance. Or ce vert n’est autre que celui du Manteau de la Vierge de la divine Révélation, qui le 12 avril 1947 est apparue à Bruno Cornacchiola dans la Grotte des Trois Fontaines de Rome.
Cette jeune congrégation de sœurs, appelées Missionnaires de la divine Révélation, est née sous l’impulsion de Mère Prisca à la fin du XXe siècle et a reçu l’approbation diocésaine le 11 février 2001. Il s’agit d’une petite communauté mais dont le rayonnement est considérable dans la capitale italienne. Leur Mère supérieure Rebecca Nazzaro, ancienne mezzo-soprano de la Chorale lyrique de la Rai, a dans sa jeunesse renoncé à une carrière prometteuse pour suivre le Christ. Elle offre aujourd’hui aux Missionnaires, par son témoignage et ses qualités de communicante, une tribune médiatique favorable au développement de leur apostolat catéchétique, qu’elles conduisent de manière tout à fait originale. Depuis dix ans en effet, les sœurs – qui œuvrent quotidiennement auprès des paroisses et des familles – s’attachent à diffuser la beauté de la foi à travers l’art. Une spécificité qui a donné naissance au projet de la « Catéchèse par l’Art », lequel propose aux fidèles, pèlerins ou simples touristes de découvrir le patrimoine de la ville à travers la mémoire des apôtres et des saints, consolidée par la présence pérenne du Souverain Pontife. Le programme a acquis une notoriété accrue ces dernières années, pour devenir une option de choix dans la découverte des lieux sacrés de la Cité éternelle. Les missionnaires sont aujourd’hui les guides officielles de la basilique Saint-Pierre et des Musées du Vatican, dans le cadre des itinéraires « Art et Foi ». Leurs lumières sont à cet égard régulièrement sollicitées dans les conférences et émissions consacrées à l’art. Aux côtés de Mère Nazzaro, la jeune sœur Maria Agnese, dotée d’une grande culture, est une autre figure de référence de ces programmes de catéchèse. En février dernier, elle est intervenue à une table ronde de l’Institut français de Rome sur les thèmes de la Beauté et de la liberté, en présence de l’acteur Michael Lonsdale et de nombreux artistes italiens.
Evangéliser par l’art
« L’œuvre d’art rappelle à chaque génération que nous sommes faits pour la Beauté, en elle nous savourons le goût de l’éternité. Confrontez-vous à la source première et ultime de la Beauté, dialoguez avec la foi, sentez-vous pèlerins dans le monde et dans l’histoire vers la Beauté infinie! » Ces paroles du pape émérite Benoît XVI, qui accueillent les visiteurs de la page internet consacrée aux itinéraires, ont en partie inspiré cette décision de lier la catéchèse à l’art. Mais c’est précisément en contemplant les trésors de la nef centrale de la basilique Saint-Jean-de-Latran que la portée narrative de l’art leur est apparue comme une voie privilégiée d’évangélisation. En 2001, le cardinal-vicaire de Rome Camillo Ruini les y avait envoyées afin qu’elles décryptent pour les fidèles le contenu religieux des multiples œuvres qui la composent.
On tend en effet à oublier ce qui a constitué le pivot des plus grandes créations artistiques du monde, à savoir la diffusion du message chrétien. Le lien entre foi et beauté est très étroit. Le christianisme a cette grande particularité d’être la religion des figures, contrairement aux autres monothéismes, qui voient une marque d’idolâtrie dans la représentation des prophètes. Saint Paul écrit dans la Première Lettre aux Colossiens que le Christ est l’image visible du Dieu invisible. Une sentence qui a inspiré à Mère Nazzaro l’idée que, de la même manière, l’art rend visible l’invisible. « Il permet de comprendre la beauté de ce que le cœur de l’homme désire voir, à savoir la beauté de Dieu, affirme-t-elle dans l’une de ses nombreuses publications sur le site de la congrégation. L’œuvre est un véhicule pour entrer dans le monde de Dieu, qui a donné à quelques hommes le génie de pouvoir exprimer Sa beauté à travers des formes d’expression artistiques face auxquelles on ne peut que s’extasier. » C’est ainsi qu’est née une longue Histoire de l’art, qui n’aurait pas vu le jour si le christianisme avait prôné l’aniconisme.
Outre les itinéraires de découverte des principaux sites de Rome, les religieuses proposent également des visites pour les groupes scolaires et des programmes annuels sur des thèmes en lien avec l’actualité. A l’approche du centenaire de l’apparition de la Vierge aux trois enfants de Fatima et du 70e anniversaire de l’apparition de la Vierge de la Révélation, les sœurs ont imaginé pour l’année 2016-2017 un cycle intitulé « ‘Apprendre Rome’ avec Marie », qui prévoit la visite des plus grands sites mariaux de la ville. Les visites de groupe, à partir de dix personnes, peuvent être réservées en ligne (www.divinarivelazione.org) et sont pour l’heure disponibles en langue italienne, anglaise et espagnole.
Durant l’Année Sainte de la miséricorde, les Missionnaires de la divine Révélation ont offert leur contribution particulière en organisant chaque premier samedi du mois le « Rosaire avec Art » dans la magnifique église Sainte-Marie de l’Immaculée Conception de la Via Veneto. Chaque dizaine récitée était accompagnée d’une illustration, qu’il s’agisse d’une œuvre d’art, d’un chant, d’une poésie ou d’une louange à la Sainte Vierge.
De notre correspondante
à Rome Solène TADIÉ