Où va notre enseignement? N’assiste-t-on pas à un combat contre le réseau libre, essentiellement catholique? Marie-Martine Schyns, ministre de l’Education, n’élude aucune question.
Elle a du « punch », la ministre de l’Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il faut dire que Marie-Martine Schyns connaît bien ce milieu, puisqu’elle est elle-même enseignante de formation et a déjà occupé ce poste ministériel. Mais le constat est là: le Pacte d’excellence ne fait pas l’unanimité, le décret sur la réforme des titres et fonctions a provoqué l’ire des directeurs d’école, notamment du réseau libre, à quoi s’ajoutent l’introduction depuis le 1er octobre des cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC) dans le réseau officiel primaire et les résultats de l’enseignement francophone belge qui, par rapport à d’autres pays européens, sont médiocres.
« Notre enseignement est un des mieux financés parmi les pays de l’OCDE. Par contre, si nous comparons nos résultats avec ceux de certains pays, ils interpellent. C’est la raison pour laquelle mon prédécesseur a initié le Pacte pour un enseignement d’excellence« , précise la ministre Schyns, rappelant que ce pacte est un processus nouveau, participatif; « une démarche qui vise à mettre ensemble tous les acteurs de l’école pour renforcer la qualité de notre enseignement ». Et de poursuivre: « Aujourd’hui, dans les classements de l’OCDE, plus de 50% de nos élèves sont considérés comme « bons » et « très bons ». Nous arrivons à faire remonter les élèves plus faibles. Le pacte place plus haut la barre et permet à tous les élèves, même les moins forts de la franchir. »
Pour Marie-Martine Schyns, le pacte est un véritable chantier, une évolution progressive du système. Aura-t-on les moyens financiers de l’appliquer? « Le phasage des mesures permettra d’y faire face, par étapes et de dégager des moyens nécessaires. Ce sont différents chantiers qui vont être ouverts, que ce soit le tronc commun, la limitation du redoublement… Toutes ces mesures visent l’amélioration d’un système. C’est un processus qui va s’étaler sur plusieurs législatures. »
Attachée à la liberté de choix
Concernant la réforme des titres et fonctions, qui a fait couler beaucoup d’encre et provoqué la colère de nombreux directeurs d’école (voir Dimanche n° 35 du 9 octobre 2016), Marie-Martine Schyns rappelle que ce décret était attendu depuis presque 40 ans, car il clarifie le paysage de quelque 5.000 titres. « Il a été construit en concertation avec les différents acteurs du secteur. Voté en 2014, l’objectif était d’avoir une professionnalisation afin que la personne qui possède le diplôme le plus approprié pour donner un cours, soit prioritaire. » La ministre ne cache pas que la mise en place de ce décret a connu quelques « couacs », notamment celui du logiciel Primoweb qui est loin de bien fonctionner. Sur le terrain, les secrétariats et directions d’école ont connu un mois de septembre très compliqué. Marie-Martine Schyns le reconnaît et s’en excuse. Des aménagements ont déjà été faits et d’autres le seront dans un futur proche. « Il ne faut pas mettre en danger la stabilité des équipes pédagogiques. Evitons que le titre l’emporte sur le projet pédagogique », admet la ministre cdH, qui rappelle que les directions doivent pouvoir être autonomes, mais à l’intérieur d’un cadre législatif qui évite de faire n’importe quoi.
Concernant les pressions à l’égard de l’enseignement libre, Marie-Martine Schyns ne mâche pas ses mots. Lorsqu’on l’interroge sur les récents propos du président du parlement de la FWB, le socialiste Philippe Courard, qui prône un réseau d’enseignement unique, elle dit le « laisser à ses élucubrations » (sic). « La Constitution et le pacte scolaire prévoient la liberté d’organisation et de choix de l’enseignement dans le chef des parents. J’y suis profondément attachée. »
J.J.D.
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