Le Burundi, l’Afrique du Sud, et aujourd’hui la Gambie. L’Afrique s’éloigne de la Cour pénale internationale, à qui elle reproche un parti pris.
Ce mercredi 26 octobre, le ministre de l’information de Gambie a annoncé la décision de son pays de quitter la CPI. Dans cette déclaration télévisée, Sheriff Bojang accuse la Cour pénale internationale implantée à la Haye de « persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants« . Ce sont des arguments souvent entendus sur le continent noir.
Plus précisément, la Gambie reproche à la CPI de ne pas poursuivre les pays européens pour la mort de nombreux migrants africains en Méditerranée. Cette décision de quitter l’institution internationale est d’autant plus surprenante pour la Gambie que la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, est elle-même de nationalité gambienne, elle a été ministre de la Justice du président Yahya Jammeh.
Le Burundi a été le premier pays à lancer la procédure pour quitter la Cour pénale internationale. Le 19 octobre dernier, le président Pierre Nkurunziza a signé le décret précisant que « la république du Burundi se retire du statut de Rome adopté le 17 juillet 1998« .

En 1998, 120 Etats se sont engagés dans le Statut de Rome
Quelques jours plus tard, le Burundi a été rejoint par l’Afrique du Sud qui a confirmé également son intention de quitter l’institution internationale. Le 21 octobre, la ministre des Affaires étrangères d’Afrique du Sud Maïté Nkoana-Mashabane avait annoncé l’envoi par son pays d’une notification au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, l’informant de son intention de se retirer du Statut de Rome, le traité fondateur qui régit la CPI. Ce retrait a provoqué une véritable onde de choc, l’ONG Human Rights Watch dénonçant une « trahison » à l’égard des victimes. Cette décision « porte un terrible coup à son engagement pour la justice en matière d’atrocités de masse« , a commenté le 24 octobre l’organisation de défense des droits humains.
Réactions ecclésiales
L’épiscopat sud-africain regrette la décision du gouvernement d’Afrique du Sud de se retirer de la Cour pénale internationale. Dans un communiqué, les évêques expriment leur «tristesse» et appellent le pouvoir à revenir sur sa décision jusqu’à ce que « l’Afrique se soit dotée d’une Cour régionale effective qui ait la capacité et la volonté de demander des comptes à tous les responsables étatiques, et en particulier aux chefs de gouvernement en fonction ».
Les évêques Sud-africains proposent également que le gouvernement s’active afin que les pays d’Afrique prennent une position commune pour réformer cette institution basée à La Haye, en proposant entre autres que le pouvoir de conférer une cause à la CPI soit retiré au Conseil de Sécurité de l’ONU – dominé par ses cinq membres permanents et soit en revanche confié à l’Assemblée générale des Nations unies.
A.-F. de Beaudrap (avec Jeune Afrique et Radio Vatican)