Pendant la prière œcuménique de cet après-midi à Assise, le Pape François a médité la parole de Jésus à la Croix: « J’ai soif! » (Jn 19,28) En effet, cette 30ième rencontre interreligieuse « dans l’esprit d’Assise » s’est tenue sous le thème « Soif de Paix ».
« De quoi a soif le Seigneur? », s’est interrogé le Saint Père. « Certainement d’eau, élément essentiel pour la vie. Mais surtout d’amour, élément non moins essentiel pour vivre. » Le prophète Jérémie a exprimé la satisfaction de Dieu pour notre amour: « Je me souviens de la tendresse de tes jeunes années, de ton amour de jeune mariée » (Jr 2,2). Mais il a donné aussi voix à la souffrance divine, quand l’homme, ingrat, a abandonné l’amour.
« Aujourd’hui aussi, semble dire le Seigneur », a rappelé le Pape François, « ‘ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusés des citernes fissurées qui ne retiennent pas l’eau’ (Jr 2,13). C’est le drame du ‘cœur desséché’, de l’amour non rendu, un drame qui se renouvelle dans l’Évangile, quand, à la soif de Jésus, l’homme répond par le vinaigre, qui est du vin tourné. Le psalmiste déjà se lamentait prophétiquement: ‘Quand j’avais soif, ils m’ont donné du vinaigre.’ (Ps 69,22) »
« Les paroles de Jésus nous interpellent, elles demandent accueil dans notre cœur et réponse par notre vie », a continué le Saint Père. « Dans ce ‘J’ai soif’, nous pouvons entendre la voix de ceux qui souffrent, le cri caché des petits innocents exclus de la lumière de ce monde, la supplication qui vient du fond du cœur des pauvres et de ceux qui ont le plus besoin de paix. Elles implorent la paix, les victimes de toutes ces guerres qui polluent les peuples de haine et la terre d’armes. Ils implorent la paix, nos frères et sœurs qui vivent sous la menace des bombardements ou sont contraints de laisser leurs maisons et d’émigrer vers l’inconnu, dépouillés de tout. »
« Tous ceux-là sont des frères et des sœurs du Crucifié, petits dans son Royaume, membres blessés et desséchés de sa chair. Ils ont soif! », a souligné le pape argentin. « Mais il leur est souvent donné, comme à Jésus, le vinaigre amer du refus. » Et d’y ajouter les questions percutantes: « Qui les écoute ? Qui se préoccupe de leur répondre ? Ils rencontrent trop souvent le silence assourdissant de l’indifférence, de l’égoïsme de celui qui est agacé, la froideur de celui qui éteint leur cri avec la facilité avec laquelle on change un canal de télévision. »
Le Pape a conclu: « Comme Marie près de la Croix, que le Seigneur nous accorde d’être unis à Lui et proches de celui qui souffre. En nous approchant de tous ceux qui aujourd’hui vivent comme des crucifiés et en puisant la force d’aimer au Crucifié ressuscité, l’harmonie et la communion entre nous croîtra davantage. ‘C’est Lui, le Christ, qui est notre paix’ (Eph 2,14), lui qui est venu pour annoncer la paix ‘à ceux qui sont proches et à ceux qui sont loin’ (Eph 2,17). Qu’il nous garde tous dans l’amour et dans la voie que nous cheminons, celle de l’unité. Que nous devenions comme il le désire : ‘Tous un’ (Jn 17,21). »
De notre envoyé spécial à Assise, Benoit Lannoo