Nourrir la planète : le pape François en visite au PAM


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Nourrir la planète : le pape François en visite au PAM
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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Le pape François a visité ce lundi 13 juin le siège du PAM, le Programme alimentaire mondial. Le Saint-Père a passé environ deux heures au sein de la plus grande agence humanitaire de la planète, celle de l’ONU engagée depuis 1961 dans la lutte contre la faim dans le monde.

C'est la première fois que François se rendait au siège du PAM, basé à Rome. Pour rappel, cette agence de l'ONU apporte chaque année une assistance alimentaire à quelque 80 millions de personnes dans près de 80 pays. Elle œuvre en partenariat avec les autres agences onusiennes basées à Rome comme l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO où s’était rendu le pape François le 20 novembre 2014, et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA).

Au siège du PAM, le souverain pontife a prononcé deux discours.: l'un aux membres du Conseil d’Administration, l'autre au personnel de l’agence onusienne. A son arrivée, il s’est tout d’abord recueilli devant "le Mur de la mémoire" qui rend hommage aux membres du PAM, morts en mission.

François, dans son premier discours en espagnol, à l’occasion de la Session annuelle du Conseil d’Administration du Programme Alimentaire Mondial, a exhorté à « dénaturaliser » la misère et à « débureaucratiser » la faim. Le pape s’est insurgé face au « gaspillage », à « l’exploitation de la terre » et « à une distribution des ressources égoïstes et mauvaise ». « La nourriture qui se jette, a déclaré le pontife argentin, c’est comme si elle était volée à la table des pauvres, de celui qui a faim ». « Il faut ‘‘dénaturaliser’’ la misère et cesser de la considérer comme une donnée de plus de la réalité. Pourquoi ? Parce que la misère a un visage, a affirmé le Saint-Père. Elle a le visage d’enfants, elle a le visage de familles, elle a le visage de jeunes gens et de personnes âgées. Elle a un visage dans le manque d’opportunités et de travail chez de nombreuses personnes, elle a le visage de migrations forcées, de maisons vides ou détruites ».

Débureaucratiser la faim

Le pape a mis en garde contre « le risque de bureaucratiser la souffrance des autres ». « Les bureaucraties avancent des expédients, observe t-il, alors que la compassion, au contraire, s’engage pour les personnes ». Il est donc « nécessaire de travailler pour ‘‘dénaturaliser’’ et "débureaucratiser" la misère et la faim de nos frères. Cela exige de nous une intervention à divers échelons et niveaux où sera établie comme l’objectif de nos efforts la personne concrète qui souffre et a faim, mais qui a aussi en elle-même un immense flux d’énergies et de potentialités que nous devons aider à concrétiser ».

Le Saint-Père a rappelé que « le manque d’aliments n’est pas quelque chose de naturel (...) et que le fait qu’aujourd’hui, en plein XXIe siècle, beaucoup de personnes souffrent de ce fléau est dû à une distribution des ressources égoïste et mauvaise, à une ‘‘marchandisation’’ des aliments. La terre, maltraitée et exploitée, en beaucoup d’endroits dans le monde continue de nous donner ses fruits, de nous offrir le meilleur d’elle-même ; les visages affamés nous rappellent que nous avons détourné ces fruits de leurs fins. Nous avons transformé un don qui a une finalité universelle en un privilège de peu de personnes. Nous avons fait de ces fruits de la terre – don pour l’humanité – des commodités pour quelques-uns, en créant de cette manière l’exclusion ».

Le pape a alors exhorté à lutter contre le gaspillage. « Le consumérisme – dans lequel nos sociétés se voient insérées – nous a poussés à nous habituer au superflu et au gaspillage quotidien de nourriture, auquel nous ne sommes plus capables d’accorder sa juste valeur, qui va au-delà des paramètres purement économiques. Mais cela nous ferait du bien de nous souvenir que la nourriture qui se jette, c’est comme si elle était volée à la table du pauvre, de celui qui a faim. Cette réalité nous demande de réfléchir sur le problème de la perte et du gaspillage de nourriture afin d’identifier des voies et des modes qui, affrontant sérieusement cette problématique, soient des moyens de solidarité et de partage avec ceux qui sont le plus dans le besoin ».

Nourrir la planète, un thème auquel le pape François, comme ses prédécesseurs est particulièrement sensible. A plusieurs reprises depuis le début de son pontificat, le Saint-Père a multiplié les gestes et prises de position concernant ce dossier fondamental. Ainsi, lors de la messe d’ouverture de la XXe Assemblée générale de Caritas Internationalis, le 12 mai 2015, le pape avait invité à «dresser la table pour tous»: «Tant de personnes attendent encore aujourd’hui de pouvoir manger à leur faim, avait-il souligné indiquant que la planète produit de la nourriture pour tous, mais que manque la volonté de partager avec tous.»

Changement de mentalité

Quelques jours auparavant, le 1er mai 2015, le Saint-Père est intervenu en liaison vidéo lors de la cérémonie d’inauguration de l’Exposition de Milan, dédiée au thème "Nourrir la planète. Energie pour la vie". Il avait alors souhaité que ce thème «ne reste pas seulement un thème», mais que l’Expo «soit l’occasion d’un changement de mentalité, afin d’arrêter de penser que nos actions quotidiennes n’ont pas d’impact sur la vie de ceux qui, proches ou lointains, souffrent de la faim».

MK/SB-HD (Radio Vatican)

Catégorie : International

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