L’unité pastorale Notre-Dame de Fatima accueillera une délégation de musulmans dimanche à 17h à l’église de Farciennes. Quelques heures plus tard, à la rupture du jeûne, ce sont les musulmans qui ouvriront à leur tour les portes de leur mosquée.
Dans les rues de Farciennes, comme partout ailleurs dans le royaume, des drapeaux belges sont aux fenêtres en cette période de l’Euro. Et les drapeaux italiens ne sont pas en reste, dans cette commune du Pays de Charleroi qui a connu le tout dernier charbonnage du Hainaut. Mais on découvre aussi sur les façades des drapeaux turcs, un pays dont sont originaires de nombreux habitants de la région.
C’est cette présence qui conduit le responsable de l’Unité pastorale Notre-Dame de Fatima à souhaiter que des contacts plus étroits se nouent entre catholiques et musulmans. Curé de huit paroisses situées sur le territoire des entités de Farciennes et Châtelineau, l’abbé Jean-Pierre Badidike vient lui aussi «d’ailleurs», puisqu’il est Congolais d’origine.
Un imam très jeune
"A l’occasion de la fin du Ramadan (le 6 juillet), la Commission Interdiocésaine pour les Relations avec l’Islam (CIRI) invite les chrétiens à envoyer une lettre à nos frères musulmans. Mais souvent, cette lettre reste confidentielle, les imams eux-mêmes n’étant pas au courant de la démarche. Etant membre de cette commission interdiocésaine et aussi de la commission diocésaine, j’ai voulu aller au-delà de cette lettre et j’ai donc souhaité établir des contacts plus étroits. Et quand notre unité pastorale a vécu son année de Refondation, nous avons découvert qu’il y avait sept mosquées sur notre territoire…" L’abbé Badidike a ainsi eu l’occasion de se rapprocher d’une des mosquées turques, la mosquée Imami Azam Gamii, située rue du Monciat. Il faut dire que cette dernière est placée depuis quelques mois sous la responsabilité d’un imam particulièrement jeune: Karadag Lokmani n’a que 33 ans. Il s’est installé à Farciennes avec son épouse et leurs deux filles, âgées respectivement de 10 et 4 ans.
«Nous irons chez vous…»
Et c’est un autre Turc d’origine qui a servi de relais: Atilla Demir est échevin à Farciennes, en charge notamment de la cohésion sociale, de la médiation de quartiers, de l’état-civil et de la population. Né en Turquie, mais arrivé en Belgique à l’âge de deux ans, il est donc parfaitement intégré. Depuis qu’il est en poste, l’imam a fait savoir qu’il s’intéressait à la religion catholique, qu’il était curieux d’en savoir plus. Il a alors dit à l’abbé Badidike: "Si vous venez chez nous, alors nous irons chez vous." Bien sûr, l’originalité de la démarche en a surpris plus d’un, des deux côtés d’ailleurs. «Des catholiques pensaient que les musulmans n’avaient pas le droit d’entrer dans une église», dit Jean-Pierre Badidike. Et Karadag Lokmani reconnaît que chez lui il a été plus facile de convaincre les jeunes alors que certains aînés se montraient plus réticents…
Avec Mgr Harpigny
En établissant le programme de la journée de dimanche, l’abbé Badidike a tout naturellement songé à inviter Mgr Harpigny: spécialiste de l’Islam, il est l’un des évêques référendaires pour le dialogue interreligieux, et à ce titre co-signataire de la lettre pour la fin du Ramadan. Le dimanche 26 juin à 17h, il présidera une eucharistie en l’église de l’Assomption à Farciennes-Centre, en présence d’une délégation de musulmans. Un temps d’échange suivra. A 21h45, ce sont les musulmans qui accueilleront les catholiques dans leur mosquée (110 rue du Monciat) au coucher du soleil, pour la prière de la rupture du jeûne.
Les catholiques qui souhaitent se rendre à la mosquée sont invités à s’inscrire auprès de Patricia Tourneur 0479 206 519 -patricia.tourneur@skynet.be. A noter que Mme Tourneur, responsable de la chorale paroissiale, est d’origine grecque. Un beau puzzle farciennois…
Diocèse de Tournai - Photo: de droite à gauche, l'imam, l'échevin, le curé et la chef de choeur
