Plus de 65,3 millions de réfugiés, c'est le chiffre mis en lumière ce 20 juin, à l'occasion de la journée mondiale des réfugiés. Selon le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR), 24 personnes en moyenne ont été forcées de fuir toutes les minutes en 2015.
Derrière ces chiffres bruts - qui sont déjà des records malheureux -, se cache aussi la réalité: depuis 2014 au moins 10.000 personnes ont perdu la vie en essayant d'atteindre un refuge en Europe. On se souvient du reportage d'un journaliste italien prenant la route et le bateau avec des réfugiés, qui n'est parvenu à destination qu'en usant d'un téléphone mobile pour appeler des secours. Les migrants qui circulent sur les chemins depuis la Syrie et l'Irak vers l'idéal européen, ne disposent du même matériel.
"Je rêve d'une Europe qui promeut et protège les droits de tous, sans pour autant négliger ses devoirs envers tous. Je rêve d'une Europe dont il ne sera pas dit que son attachement aux droits de l'homme est sa dernière utopie", a insisté le pape François encore récemment, dans son discours pour le prix 2016 Charlemagne. De nombreux exemples, y compris en Belgique, montrent que cet accueil est possible. Les paroisses, les associations locales, les collectivités apportent de l'humanisme dans un parcours administratif complexe.
D'autres citoyens sont effrayés par l'arrivée massive de personnes migrantes qu'ils ne connaissent pas. Le mouvement Amnesty international s'est livré à une belle démonstration prouvant que la crainte n'est pas nécessaire. Ils ont filmé pendant quelques minutes un citoyen européen en face d'une personne réfugiée: "ils se sont sentis connectés l'un à l'autre rien qu'en se regardant en silence", raconte Amnesty. La même démarche a été reproduite la semaine dernière à Molenbeek, ce qui donne le film ci-dessous. Amnesty Belgique en déduit: "A un moment où l’on fait face à une crise de l’accueil sans précédent, il y a des citoyens en Belgique réellement ouverts à aller à la rencontre des demandeurs d’asile et des réfugiés, et capables d’aller au-delà des préjugés dont ceux-ci sont trop souvent victimes." La campagne #WithRefugees lancée la semaine dernière va dans le même sens.
Pour sa part, Caritas Europe profite de la journée mondiale des réfugiés pour interpeller les institutions européennes. Ils demandent aux Etats membres de s'impliquer pour sauver des vies en mer, ouvrir des canaux plus sûrs et légaux d'entrée dans l'UE, par exemple en introduisant des visas humanitaires abordables et accessibles et engager plus de réinstallation, faciliter le regroupement familial pour les réfugiés et les migrants, en favorisant donc l'intégration dans les pays d'accueil, arrêter et inverser l'externalisation des politiques migratoires de l'UE, cesser d'utiliser la réadmission et le retour des accords comme condition pour l'aide au développement.
A.-F. de Beaudrap
