Ce 28 mars, lundi de Pâques, une veillée de prière a été célébrée en la cathédrale des saints Michel et Gudule, à Bruxelles. Cette veillée, où l'on a prié pour les victimes des attentats du 22 mars, a rassemblé des représentants des différentes confessions chrétiennes, mais également des personnalités du monde juif et musulman. Sans oublier des membres des services de secours et de sécurité. Dans une atmosphère de recueillement, des paroles et des témoignages forts d'unité et de solidarité ont été entendus.
C'est dans une cathédrale bondée, rassemblant des personnes de tous horizons, dont certaines victimes des attentats, en présence de différentes personnalités du monde politique, que la veillée de prière a commencé par une procession à forte portée symbolique. Précédant les responsables des différentes confessions chrétiennes, des pompiers, des secouristes, des membres des forces de police et de l'armée, des membres du personnel de l'aéroport de Bruxelles et de la STIB, se sont avancés vers l'autel, où ils ont déposé plusieurs centaines de bougies, symbolisant les victimes. Image particulièrement belle et émouvante que de voir ces petits luminaires rejoindre le cierge pascal, dans le choeur, signe du Christ ressuscité.
Après la prière d'entrée, invocation de l'Esprit saint prononcée par le métropolite Athenagoras, plus haute autorité de l'Eglise orthodoxe en Belgique, différentes lectures bibliques ont été entendues. La première lecture, lue par Geert Lorein, président du Synode des Eglises protestantes et évangéliques de Belgique, était tirée de la deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens, invoquant "la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ", le Dieu "de qui vient tout réconfort".
Après le chant du Psaume 85, l'évangile a été lu par le pasteur Steven Fuite, Président du Conseil Synodal de l'Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB), l'autre grande communion protestante dans notre pays. Tiré du chapitre 14 de l'évangile de Jean, ce texte a évoqué le don de l'Esprit saint, et le don de la paix du Christ, qui ne la "donne pas à la manière du monde".
"Aucune violence au nom de Dieu ne peut être tolérée"
Après la lecture de l'évangile, Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, qui a présidé ce rassemblement, a prononcé des paroles fortes dans son homélie. Pour lui, les paroles du Christ sur la paix laissent entrevoir que celle-ci "est beaucoup plus qu'une absence de violence", "que la paix engage à beaucoup plus qu'à la seule tolérance". "Il n'y a pas de vrai vivre ensemble, s'il n'y a pas un profond et sincère respect pour l'autre. Ce respect qui est à la base de tout amour", a ajouté Mgr De Kesel.
S'exprimant ensuite plus directement sur les attentats de 22 mars, l'archevêque de Malines-Bruxelles a eu des paroles très claires: "Si le Christ a vaincu le mal, s'il a vaincu la violence, ce n'est pas par la violence. Aucune violence au nom de Dieu ne peut être tolérée. Dieu ne peut être instrumentalisé par quiconque." Mgr De Kesel a d'ailleurs souligné que, à la suite des attentats, aucun appel à la violence ou à la vengeance n'a été entendu dans les médias, ni de la part des responsables politiques belges.
A la fin de son homélie, Jozef De Kesel a appelé les participants à cette veillée à ne pas céder à l'angoisse, angoisse qui engendre la division, ce qui est l'un des objectifs des terroristes. "C'est pourquoi les Juifs, les chrétiens et les musulmans, et les personnes d'autres convictions, doivent compter sur l'amitié et la solidarité les uns envers les autres."
Tous frères et soeurs
Si toutes les confessions chrétiennes étaient présentes au cours de cette veillée, des Juifs et des musulmans étaient également présents dans l'assemblée. Parmi eux, M. Philippe Markiewicz, président du Consistoire central israélite de Belgique, et M. Salah Echallaoui, Président de l'Exécutif des musulmans de Belgique.
C'est d'ailleurs par une déclaration d'une femme de confession juive, et d'une autre de confession musulmane, que la rencontre s'est achevée. Aussi bien Mme Evelyne Haberfeld que Mme Quamar Takkal ont parlé en faveur de la solidarité et de l'unité entre personnes de toutes convictions, en faveur d'un vivre ensemble, dans le respect de la liberté de chacun.
Cette solidarité et cette unité ont été réellement vécues au cours de la célébration, comme un signe vivant de la société que nous sommes appelés à construire, et qui seule pourra vaincre la haine, la rancoeur et la violence. Cette unité, l'assemblée, comprenant des personnes de toute conviction, en a fait l'expérience lorsque Mgr De Kesel a invité tout le monde au silence, pendant 5 minutes. Après les intentions, lues par Mgr Jean Kockerols, ce temps de recueillement fut particulièrement intense. Un moment de grâce, au sens fort du terme.
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Légende: Mme Takkal
