Alors que l’Eglise de France est secouée par de nouveaux scandales de pédophilie, mettant en cause la gestion du cardinal Barbarin dans l’archidiocèse de Lyon, le travail au Vatican concernant la prévention des abus sexuels sur les mineurs se poursuit. Sous la houlette de la théologienne belge Karlijn Demasure.
A Rome, le Centre pour la protection de l’enfant a été inauguré le 16 février 2015 à l’Université Pontificale Grégorienne. Il est composé de 13 experts venus du monde entier, et présidé par le père jésuite Hans Zollner, doyen de l’institut de psychologie de l’université grégorienne et membre de la commission pontificale pour la protection des mineurs créée par le pape François en 2014.
Depuis le mois de février 2016, ce centre propose une formation diplômante en matière de prévention des abus sexuels. A ce jour, 19 étudiants, de 15 nationalités différentes suivent cette formation qui travaille sur plusieurs axes: reconnaître les signes d’abus et identifier les moyens pour une intervention, assister les responsables d’Eglise dans leurs réponses pastorales ou développer des programmes de prévention en fonction des contextes culturels et sociaux. Les cours sont donnés par des experts en psychologie, en sciences sociales ou en droit canon venus des cinq continents. Le premier diplôme sur la protection des mineurs sera délivré au mois de juin 2016.
Par ailleurs, ce centre assure des enseignements à distance et donne des conférences à la demande des différentes conférences épiscopales.
Comment briser la culture du silence qui s’est instaurée dans certains pays, au sein de certaines conférences épiscopales? Comment réagir face à la question hiérarchique qui empêche de dénoncer des maladresses voire des fautes commises par des épiscopats 20 ou 30 ans plus tôt après des faits? Autant de questions délicates que le centre pour la protection de l’enfant affronte sans tabou, en essayant d’ouvrir des pistes de réflexion.
« L’Eglise de France pensait peut-être être épargnée par ces problèmes… »
C’est la théologienne belge Karlijn Demasure, qui est la directrice exécutive de cette structure. Interrogée par Radio Vatican au sujet des révélations sur Mgr Barabarin, archevêque de Lyon, elle constate que l’Eglise de France n’a pas vraiment évolué dans la prévention, à la différence de pays comme l’Allemagne ou la Belgique. « Je constate d’ailleurs qu’il n’y a aucun étudiant français dans notre formation, qu’aucune demande n’a émané de France pour un des programmes d’enseignement à distance que nous proposons, ou pour les conférences que nous pouvons donner sur la question alors que nous avons été sollicités par de nombreux autres pays. Nous n’avons même pas reçu le moindre appel téléphonique pour nous solliciter sur une question relative à la prévention des abus sexuels. » Karlijn Demasure ne s’explique pas ce désintérêt pour le travail mené au Vatican. « Peut-être la France pense-t-elle qu’elle est épargnée par ce genre de problèmes… Or on constate que, partout, ces problèmes finissent par surgir, bien des années plus tard… »
La théologienne belge estime cependant que pour les croyants et les victimes, il est très important que le Vatican ait pris position et que le pape ait posé clairement les limites. La structure mise en place au Vatican montre que les choses avancent au sommet de l’Eglise qui évolue dans la bonne direction même s’il reste encore beaucoup à faire. « Certains évêques n’ont pas encore pris d’initiatives de leur côté. Il est dommage qu’il faille attendre qu’un scandale éclate pour que ce soit le cas« , regrette-t-elle.
P.G. (avec Radio Vatican)
(photo: Kerknet)