L’Eglise de France est à nouveau secouée par des affaires de pédophilie. Cette fois-ci, le diocèse de Lyon est dans la tourmente et le cardinal Barbarin (photo) au cœur des attaques médiatiques. C’est dans ce climat tendu que se tient cette semaine l’assemblée des évêques de France à Lourdes.
L’assemblée des évêques de France qui a commencé mardi 15 mars à Lourdes, devait se dérouler à huis clos jusqu’au 18 mars pour évoquer notamment le dialogue avec les musulmans, l’année de la miséricorde, les chrétiens persécutés et la situation des réfugiés en Europe. Finalement, le sujet principal qui s’est imposé dès l’ouverture concernait les scandales de pédophilie au sein du diocèse de Lyon.
Un ou plusieurs prêtres sont soupçonnés d’abus sexuels sur des enfants de la région, dans les années 70 et 90. Une de ces affaires serait prescrite, l’autre est en cours d’enquête par la police. Les victimes reprochent toutefois au cardinal Philippe Barbarin, archevêque de ce diocèse et primat des Gaules, d’avoir couvert les agissements de ces religieux. Le cardinal lyonnais et d’autres responsables diocésains sont mis en cause pour non-dénonciation de crimes.
Dans son discours d’ouverture, le président de l’assemblée des évêques de France, Mgr Pontier, a insisté sur la priorité de l’Eglise: « Privilégier l’accueil des victimes et de leurs familles, les inciter à porter plainte, engager les procédures canoniques contre les auteurs de ces actes et travailler en toute loyauté avec la justice de notre pays. »
L’assemblée des évêques a aussi assuré le cardinal Barbarin de sa prière et de son soutien. Le primat des Gaules a répondu aux critiques médiatiques lors d’une conférence de presse le 15 mars. Le journal La Croix rapporte ses propos: « Je veux dire avec la plus grande force que jamais, jamais, jamais je n’ai couvert le moindre acte de pédophilie. » Mgr Barbarin est ensuite revenu sur chacune des deux affaires pour lesquelles il est mis en cause: l’un des prêtres lui a assuré ne pas avoir commis les faits pédophiles qui lui sont reprochés, l’archevêque de Lyon reconnaît l’avoir cru. Il a toutefois précisé lors de sa conférence de presse n’avoir jamais couvert, dans le sens « tu savais, et t’as laissé faire ». « Cela, absolument jamais, avec une clarté totale. »
En attendant les conclusions de l’enquête
Le cardinal Barbarin est encore visé par une série d’attaques politiques émanant de Manuel Valls, premier ministre français. Celui-ci engage le primat des Gaules à « prendre ses responsabilités« . Cette attaque fait également suite à une plainte émanant d’un haut-fonctionnaire dans un ministère contre l’archevêque de Lyon pour « mise en danger de la vie d’autrui et provocation au suicide« . Le cardinal Barbarin a répondu en demandant que le Premier ministre qui « connaît mieux que moi les lois de la République, respecte la présomption d’innocence ».
Le débat dépasse désormais le cadre hexagonal. L’association des victimes créée à Lyon a publié une lettre ouverte demandant notamment une audience au pape François. Le père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, a indiqué au micro de Radio Vatican: « En principe, la requête d’une audience papale privée ne passe pas par la presse. Le fait d’avoir rendue cette demande publique tend évidemment à exercer une forte pression médiatique. Jusqu’ici, les rencontres de victimes d’abus sexuels par les papes se sont déroulées après qu’on se soit assuré du climat d’écoute et de dialogue nécessaire pour porter des fruits spirituels. » La sérénité dans ce dossier épineux ne pourra de toute façon pas se faire avant les conclusions de l’enquête menée par la justice française.
A.-F. de Beaudrap