Mgr de Kesel était l’invité de Bel-RTL ce matin. Outre le sens du carême qui vient de s’ouvrir pour les chrétiens, l’archevêque est aussi revenu sur deux importants sujets d’actualité: l’accueil des réfugiés et sur le débat sur la laïcité de l’Etat.
En ce mercredi des Cendres ouvrant le carême, Mgr De Kesel a pu en quelques mots indiquer quel était le sens que les chrétiens donnaient à cette période du carême. A savoir, un temps d’ouverture aux autres en particulier envers les plus pauvres – au sens large et pas seulement économique. Il s’agit, de manière générale, de prendre soin de ceux que l’on oublie parfois. « C’est aussi un moment de plus grande attention à la prière et un temps de partage« , a ajouté le primat de Belgique. « Tout le monde doit vraiment se poser la question de ce dont il a vraiment besoin« , a indiqué Mgr De Kesel, invitant ainsi chacun à donner son superflu. De même, l’archevêque de Malines-Bruxelles s’est refusé à vouloir donner une priorité alors que beaucoup de citoyens estiment que l’Etat devrait d’abord s’occuper des sans-abri belges avant de venir en aide aux réfugiés. « Il faut respecter chaque être humain. Prendre soin des Belges qui sont dans le besoin est une évidence, a réagi l’archevêque. Mais il faut aussi comprendre que tous ces réfugiés qui ont fui la Syrie ou l’Irak sont à la fois dans le besoin et en danger. » Pour Mgr De Kesel, on ne peut pas leur demander de patienter en attendant qu’on ait réglé nos problèmes avec « nos » pauvres. Et d’ajouter: « Ce n’est pas seulement à l’Etat de s’engager. C’est aussi aux citoyens! Nous devons nous ouvrir. Une société qui se referme sur elle-même n’est pas un bon signe. »
Invité à commenter la fameuse déclaration du gouverneur de Flandre occidentale (« Ne nourrissez pas les réfugiés »), Mgr de Kesel a reconnu évidemment qu’on ne pouvait pas dire de telles choses et, connaissant M. Caluwé, pense que ce dernier regrette ses propos.
« Vouloir privatiser la religion n’est pas un bon signe »
Pour le nouveau président de la Conférence des évêques belges, un autre mauvais signe donné par la société est sa tendance à « privatiser la religion », sans droit de cité dans le domaine public, où même la visibilité pose problème. Alors que la Chambre a ouvert un débat sur la laïcité de l’Etat, Mgr De Kesel estime que « c’est au moment où la différence se manifeste que le respect commence ». Et d’interroger: « En quoi cela me dérange de voir quelqu’un porter une kippa? »
En toile de fond de la révision constitutionnelle, il y a la limitation du port de signes convictionnels dans l’espace et la fonction publics, voire l’inscription de la laïcité de l’Etat dans la Constitution, plutôt que sa neutralité. A ce sujet, Mgr Jozef De Kesel a rappelé que s’il était tout à fait d’accord avec le principe de la séparation entre l’Eglise et l’Etat, en revanche, il s’oppose à l’idée d’un Etat laïque. Selon lui, « L’Etat est neutre, pas la société. Là vivent les croyants aussi, dans un pluralisme actif « , a commenté l’archevêque.
P.G.