Michel Delpech est mort. Nous allons réentendre quelques-uns de ses nombreux succès. Des titres de l’époque yéyé, mais aussi des chansons remarquables et aussi d’autres que nous n’avions pas encore découvertes. Puis… nous n’oublierons pas celui qui se reconnaissait "juste un type normal, un disciple du Christ".
L’artiste de variétés Michel Delpech a accumulé les succès à partir de 1964 et, à l’évocation de son nom, des refrains remontent à nos lèvres: des "Chez Laurette", "Wight is Wight" et "Pour un flirt" du début de sa carrière à de petits bijoux de la chanson français comme "Les divorcés", "Le Chasseur", "Le Loir et Cher", "Pleurer le chanteur", "Les voix du Brésil", "Rêve de Gauguin" et d’autres.
Né à Courbevoie (Seine) en 1946, (Jean-)Michel Delpech a été un chanteur - généralement auteur-interprète - ayant gravi rapidement jusqu’au sommet des hit-parades et de la gloire. "A 25 ans, j’étais adulé, idolâtré… Je me prenais pour Dieu. J’étais le centre du monde", se souvient-il dans "J’ai osé Dieu…"*. Pourtant, sorti de scène, il redevenait "un être à peu près normal" s’intéressant alors beaucoup aux choses de la spiritualité par le biais des "croyances exotiques à la mode" popularisées par le mouvement hippie. Lorsqu’une terrible dépression le terrasse en 1978, il retrouve la religion héritée de ses parents mais rejetée à l’adolescence: "Afin de remonter la pente (sortir de son mal-être), il m’a fallu piocher au plus profond de mon être, dans mes fondamentaux. J’ai fait sciemment appel à tout ce que j’avais appris pendant mon enfance. Dont la religion".
Début des années 80, une autre étape de vie commence pour l’artiste que le public n’a pas oublié mais doit retrouver et replacer en tête des ventes (CD «Michel Delpech &…»). C’est aussi une nouvelle étape pour l’homme qui s’avoue être "un fou de Dieu", ayant appris à ne pas Le mettre à toutes les sauces. "Je suis heureux d’être croyant, constate-t-il. Dieu est mon quotidien. Il ne se passe pas un jour sans que je lui parle, sans que je pense à Lui." ("J’ai osé Dieu…") En 2013, l’épreuve du cancer (de la langue) s’impose à lui. Un nouveau combat, plus terrible que la dépression! Après une rémission de trop courte durée, la maladie est la plus forte et Michel Delpech franchit l’étape relatée dans son dernier titre: "Voici la fin de mon chemin sur terre… Je suis à Toi, accueille-moi mon Père… Séchez vos larmes, mes frères, je m’en vais là où brille la lumière" («La fin du chemin», chant extrait du conte musical "Dolly Bibble").
Dans l’avant-propos de "J’ai osé Dieu…", Michel Delpech émet le souhait que l’on retienne de lui "quelque chose de juste. Que l’on ne me prenne pas pour plus que je ne suis, ni pour moins". Des refrains et quelques chansons gambaderont encore longtemps sur les ondes, tandis que son dernier petit ouvrage autobiographie* sera pour beaucoup un témoignage émouvant, parfois déroutant et peut-être dérangeant pour certains, mais toujours vivifiant.
Jean-Pierre Brasseur – Photo: Michel Delpech au festival de la chanson de Lormes, en juillet 2007 (Wikimedia Commons)
* "J’ai osé Dieu…" - Presses de la Renaissance (2013), puis aux Editions Points (janvier 2015)