La quatrième révolution industrielle, celle du numérique, est le thème officiel du 46e forum de Davos. Mais il y sera également question des grands défis mondiaux en termes de paix et de sécurité, de la crise migratoire en Europe. Ainsi que des menaces sur la croissance mondiale.
Dans un contexte géopolitique marqué par des attentats quasi quotidiens, ce forum de Davos est sous tension. La sécurité y a été renforcée. Il est vrai que le village suisse accueille 2.500 des plus importants décideurs de la planète, dont une cinquantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement, des chefs d’entreprises et même des artistes comme Leonardo di Caprio. Mais si ce rendez-vous est également sous tension, c’est parce qu’il se tient également dans un contexte économique particulièrement incertain, avec des marchés financiers volatils et plusieurs crises qui s’entremêlent : celle des réfugiés avec les menaces de guerre au Proche et Moyen Orient, celle des matières premières avec l’effondrement des cours du pétrole, mais aussi les doutes sur le moteur chinois de la croissance mondiale. Le FMI vient d’ailleurs de revoir ses prévisions de croissance à la baisse. Il parle d’un « timide rebond » et met en garde contre un risque de « déraillement » de l’économie mondiale.
Plus de 5 millions d’emplois menacés
Symbole du capitalisme triomphant, le World Economic permet aussi de confronter les points de vue des grands décideurs sur ce qui se passe dans le monde afin d’améliorer « l’état du monde ». Au programme de cette année, la quatrième révolution industrielle, à savoir la révolution numérique qui, tel un tsunami, accélère – plus vite qu’on ne l’imagine – la mutation des « business model » et de notre système économique. Son impact est déjà perceptible par toute l’humanité, jusque dans la façon dont elle aime et vit. Elle touche en même temps le monde entier, même les pays en voie de développement, et bouscule tout, en particulier le monde du travail. Pour le meilleur et pour le pire. Sur ce dernier point, les organisateurs de Davos voient plutôt le pire. Selon eux, d’ici cinq ans, on devrait assister à la perte de plus de cinq millions d’emplois dans les quinze pays représentants 65% de la main d’œuvre mondiale. Mais selon Bruno Colmant, professeur d’économie à l’UCL, ce chiffre est largement sous-estimé, parce que cette révolution numérique commence seulement à toucher le secteur tertiaire. Cette révolution détruira plus d’emplois qu’elle n’en créera. Et elle creusera encore davantage les inégalités sociales.
Crise des réfugiés et de l’Europe
Mais ce thème de la révolution numérique pourrait bien être éclipsé par les grandes questions géopolitiques de l’heure comme la crise des réfugiés en Europe, ou les menaces terroristes de l’Etat islamique. Le haut représentant de l’ONU, des ministres des affaires étrangères de l’Iran et de l’Arabie saoudite, le premier ministre turc, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le secrétaire à La Défense, le premier ministre français, Manuel Valls, en parleront en public comme en coulisses où tous ces acteurs pourront donc se rencontrer.
Egalement au menu de ces journées suisses, l’avenir de l’Europe, et le risque de délitement du projet global européen bousculé face à la montée des populismes.
Des responsables religieux présents
Parmi les 2 500 participants, on notera également quelques représentants religieux. Le Vatican sera ainsi représenté à Davos par le chancelier des académies pontificales des sciences, Mgr Sanchez Sorondo. Proche du pape François, cet évêque argentin de 73 ans avait accueilli un événement du Forum économique mondial au sein du Vatican, en novembre 2014, sur l’exclusion sociale et économique. Le chef anglican Mgr Justin Welby sera également à Davos, de même que le rabbin David Rosen, qui dirige l’American Jewish Committee, et le rabbin Pinchas Goldschmidt, qui préside la conférence des rabbins européens. On y retrouvera également des représentants du monde musulmans ainsi que le moine bouddhiste français, Matthieu Ricard, participant régulier à ce sommet.
A noter enfin que Mme Christine Lagarde, actuellement Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a fait un tour par le vatican avant de se rendre à Davos. Elle a été reçue par le pape François le 18 janvier. Une visite privée qui n’a pas donné lieu à un communiqué du Saint-Siège, mais une visite qui cependant ne passe pas inaperçue au moment où le jubilé fait revenir au premier plan la question de la remise de la dette internationale des pays les plus pauvres et dans un contexte d’instabilité internationale et de baisse du prix du pétrole. C’était la seconde visite de Mme Lagarde au Vatican.
P.G.