L’aggravation de la différence d’espérance de vie entre les citoyens les plus favorisés et les plus défavorisés atteint des proportions préoccupantes, selon une étude menée de concert par l’UCL et la VUB.
La différence d’espérance de vie entre les citoyens les plus favorisés et les plus défavorisés tend à s’aggraver en Belgique. Une précédente étude de l’UCL et de la VUB entre deux garçons qui avaient cinq ans en 2002-2006 parlait déjà d’écart pouvant aller jusqu’à 14 ans selon leur environnement social. Or l’accroissement de la disparité sociale suite à la crise de 2008 et la politique actuelle de sécurité sociale, comme l’exclusion des chômeurs et les restrictions de la sécu « ne peut que creuser un tel écart » indique le professeur Thierry Eggerickx, démographe à l’UCL et maître de recherches FNRS.
Le chercheur poursuit actuellement l’analyse sur les derniers chiffres de 2012-2016. Avec ses confrères, il a connecté les données du recensement et du registre national avec des indicateurs sociaux (niveau de formation, emploi occupé, logement, niveau de revenus…) et pour de nombreux critères, « les différences peuvent excéder dix ans », explique-t-il dans le journal Le Soir. Le critère emploi semble peser particulièrement lourd. Ainsi à 45 ans, un chômeur a une espérance de vie de 29,4 ans, contre 32,3 ans pour un homme qui travaille. Soit près de 3 ans de plus…
De plus en plus à renoncer aux soins de santé
En fait, il semble que la hausse de l’espérance de vie à la naissance (passée de 48 à 79 ans en un siècle) progresse encore pour les plus favorisés et moins, voire pas du tout, pour les autres. Et le phénomène pourrait se creuser avec la crise. En effet, selon le baromètre interfédéral de la pauvreté, le pourcentage de Belges qui ont renoncé à des soins de santé par manque de moyens a bondi de 2,3 à 6,5% de 2006 à 2014. Et ce chiffre ne cesse de croître. Pour Thierry Eggerickx, «seule une politique qui ne restreint pas les soins de santé ou n’exclut pas les gens d’un revenu suffisant est de nature à freiner cette évolution négative.»
P.G. (d’après Le Soir)