Après le Conseil d’Etat, c’est au tour de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté de s’inquiéter à son tour de la situation humanitaire sur place. De quoi améliorer le sort des exilés? Un sort qui pourrait aussi être affecté par le résultat des élections régionales qui débutent ce weekend.
Adeline Hazan a dénoncé le 2 décembre le non-respect des droits de l’homme, par les pouvoirs publics, dans la fameuse « jungle ». La contrôleure générale des lieux de privation de liberté demande au ministre qu’il « soit mis fin » aux placements collectifs en détention qui se succèdent à un rythme endiablé depuis plus de quarante jours. Elle dénonce l’enfermement de 779 migrants entre le 21 octobre et le 10 novembre, dans le but de désengorger Calais.
Dans le camp, la situation est réellement devenue intenable. Les heurts entre migrants et policiers se multiplient (les derniers en date dans la nuit du 1er au 2 décembre), le long de la rocade portuaire de Calais. Les policiers sont intervenus alors que plusieurs groupes de migrants tentaient de bloquer la circulation pour monter dans des poids lourds en route vers le port.
L’Etat condamné à aménager la « jungle »
Fin octobre, Médecins sans Frontières et le Secours Catholique avaient saisi le tribunal administratif en référé. Une démarche inédite pour les deux ONG puisqu’elles basculaient ainsi dans le conflit direct avec le gouvernement. Mais qui a porté ses fruits puisque le Conseil d’Etat a obligé le 23 novembre l’Etat et la ville de Calais à procéder à l’aménagement du camp afin d’offrir des conditions de vie plus humaine. Des travaux ont commencé (davantage de points d’eau et de toilettes, évacuation des déchets), et la « jungle » se transforme en bidonville dans lequel la vie s’organise. On y trouve des restaurants, des commerces, une église, des mosquées… Il y a même une boîte de nuit. Etant donné qu’il est très difficile de rejoindre l’Angleterre, ces migrants finissent par s’installer.
Pour la première fois depuis quinze ans, l’Etat a aussi proposé un hébergement (plutôt une mise à l’abri…) inconditionnel pour les exilés qui le souhaitent. Mais selon Véronique Devise, la présidente du Secours Catholique pour la région Nord-Pas de Calais, ces hébergements étaient en quelque sorte des centres de détention déguisés à partir desquels les exilés étaient renvoyés dans le pays de l’Union Européenne où ils ont été enregistrés pour la première fois (la Grèce ou l’Italie), en vertu du règlement de Dublin. Autant dire que pour eux, c’était la marche arrière et que l’info s’est rapidement transmise parmi tous ces réfugiés qui ne cherchent qu’une chose: rallier la Grande-Bretagne.
Le FN menace
Dans ce contexte très difficile, la présidente nordiste du Secours catholique est très inquiète d’une éventuelle victoire du Front national aux élections régionales qui commencent ce dimanche… Le parti de Marine Le Pen, donné favori pour la nouvelle région Nord-Picardie, s’est d’ores et déjà engagé à supprimer toutes les subventions aux associations qui viennent en aide à ces exilés.
P.G. (avec Radio Vatican)