En Irak, le 24 décembre prochain, toutes les institutions publiques de Kirkouk, y compris les écoles, observeront une journée de repos, en solidarité avec les chrétiens. Mais ces derniers sont toujours autant persécutés.
Les autorités de la ville kurde, majoritairement musulmane, ont déclaré la journée du 24 décembre fériée, en solidarité avec les chrétiens dont beaucoup se sont réfugiés au Kurdistan, fuyant les méfaits de l’État islamique à Mossoul, à seulement 180 km de là, et plus largement dans la plaine de Ninive. Mais si des gestes de fraternité et d'amitié émergent dans certains lieux, des pressions inattendues émergent ailleurs. Dimanche, les chrétiens de Bagdad, ont découvert avec surprise des affiches apposées par les milices chiites sur des maisons et des églises dans plusieurs quartiers majoritairement chrétiens de la capitale : des affiches à l’effigie de la Vierge et comportant des instructions exigeant des chrétiennes qu’elles portent le voile, comme Marie.
Le patriarche de Babylone des Chaldéens appelle l’Église à dénoncer cette nouvelle mesure attentatoire aux libertés, alors que récemment, un projet de loi a été adopté conduisant à faire reconnaître comme musulmans les enfants dont l’un des parents se convertit à l’islam.
"On ne peut plus vivre comme au VIIe siècle"
Depuis Rome où il assistait à une conférence sur les persécutions contre les chrétiens au Moyen-Orient, sa Béatitude Louis Sako a expliqué qu'il fallait lutter pour que les musulmans changent leur mentalité et leur comportement. " On ne peut plus vivre comme au VIIe siècle. On ne peut plus continuer à nous donner le choix entre se convertir, partir ou de mourir… Il faut une nouvelle lecture de l'islam qui va avec la mentalité contemporaine", a-t-il déclaré à Radio Vatican.
Face à la persécution en Irak, où le nombre de chrétiens est passé de 1,5 millions en 2003 à moins de 500 000, le Patriarche chaldéen et les chrétiens d'Orient puisent dans la foi et l'espérance pour rester et continuer à lutter. "Nous sommes une petite minorité, isolée, sans armes, sans milices. Notre identité c'est aussi la terre, nous sommes irakiens, c'est notre pays, et nous, chrétiens, étions là avant l'arrivée de l'Islam", a-t-il rappelé. "Mais nous sommes aussi des citoyens et nous essayons de changer la Constitution pour qu'elle soit celle de tous les Irakiens", a ajouté Mgr Sako qui estime que la solution serait la séparation de la religion et de l'Etat. "C'est la seule chance pour que tout le monde puisse vivre sous la protection d'un Etat qui pratique l'égalité entre tous les citoyens."
Mais comment convaincre les musulmans de changer cette Constitution ? "En allant rencontrer les responsables du gouvernement mais aussi les responsables religieux (sunnites, chiites)", répond le patriarche. Ce qui prendra du temps et ne pourra se faire sans l'appui de la communauté internationale et de l'Eglise.
P.G. (Avec Radio Vatican)