Selon un sondage de Securex, 40% des travailleurs belges pensent ne pas être en mesure de travailler jusqu’à l’âge de la pension en raison d’une charge physique trop importante au travail. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à 2013.
L’enquête du prestataire de services en Ressources humaines a été réalisée auprès de 1.754 travailleurs et elle traduit une régression de la santé au travail depuis deux ans. Selon ses résultats, les travailleurs sont en effet nettement plus nombreux (46%) à être confrontés à une affection constatée par un médecin au dos, aux épaules ou aux jambes qu’il y a deux ans: ils n’étaient alors qu’un tiers. Ils sont également plus nombreux à estimer que la charge psychologique au travail ne leur permettrait pas de travailler jusqu’à l’âge légal de la retraite. Par ailleurs, ils sont moins nombreux à considérer que leur environnement de travail est bon.
Cette détérioration des conditions pourrait être une impression, influencée par l’annonce du report de deux ans de l’âge légal de la retraite désormais fixé à 67 ans. Securex avance qu’une personne se voyant soudainement obligée de travailler deux ans de plus se sent moins à même de le faire. Mais le secrétariat social estime que d’autres facteurs jouent également, comme la hausse de l’âge moyen du travailleur et l’augmentation des plaintes liées au stress. Un stress lié au devoir d’adaptation aux nouvelles technologies, à l’insécurité de l’emploi, au trajet domicile-lieu de travail, toujours plus contraignant.
Une tendance lourde
Selon François Perl, directeur du service des indemnités de l’assurance maladie-invalidité (Inami), cet effet du report de l’âge de la retraite est marginal. L’augmentation des problèmes de santé au travail est une tendance lourde depuis plusieurs années. Le phénomène a démarré en 2005, avec la restriction de l’accès à la prépension. Du coup, les travailleurs sont plus âgés et il y a donc davantage de personnes susceptibles de se trouver en incapacité de travail, car le risque augmente avec l’âge.
François Perl note aussi l’augmentation du nombre de maladies psychosociales, en particulier de la dépression qui fait des ravages. Les chiffres de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité démontrent une augmentation des absences de longue durée. Et bien sûr, tout cela a un coût. Entre 2011 et aujourd’hui, la Sécurité sociale a dépensé un milliard de plus. « En 2017, cela devrait coûter autant que les allocations de chômage« , annonce le directeur du service des indemnités de l’Inami.
P.G. (d’après Le Soir)