Une première. Le 25 décembre prochain, les caméras s’installeront à la prison de Marche pour une retransmission, en direct et en eurovision de la messe de Noël. Un défi tant pour l’équipe d’aumônerie qui veille à l’organisation que pour les équipes de la RTBF.
Un sacré défi à relever mais pas de quoi inquiéter pour autant l’équipe d’aumônerie de la prison de Marche. L’abbé Fernand Stréber aumônier régional francophone et aumônier à la prison de Marche connaît le milieu carcéral depuis déjà de longues années. Et plus que quiconque, il sait combien les fêtes de fin d’année et plus particulièrement Noël se vivent, pour les détenus, dans la morosité. Même si le repas est plus soigné que d’habitude, si les lieux sont décorés, Noël résonne autrement encore derrière les barreaux.
"On l’oublie souvent, Noël est une fête chrétienne alors, en prison aussi, on organise une messe mais qui n’a que rarement lieu le 25 décembre. Quand j’étais à la prison de Namur, nous avions jusqu’à 60 détenus pour y assister. Les aumôneries demandent à l’évêque de célébrer, une chorale de l’extérieur est présente…" L’abbé Stréber n’est pas dupe. Si les détenus sont aussi nombreux à la célébration c’est encore pour le verre (une boisson soft) et la pâtisserie offerts à l’issue de la célébration... "Comme c’est Noël, nous essayons encore d’offrir à chacun un petit cadeau: un stylo, un calendrier, un bloc de feuilles de papier… Ce sont de petites choses mais ils ont ainsi l’impression d’exister aux yeux de quelqu’un."
Pas de place pour l'improvisation
Les contacts avec la RTBF remontent à plusieurs mois maintenant. Dans une prison, la sécurité est bien sûr une priorité on n'y entre pas n'importe comment. Les réunions, les visites se sont multipliées pour trouver des solutions à toutes les difficultés qui pouvaient se présenter.
Pour permettre de placer les caméras, la messe sera ainsi célébrée non pas dans le lieu réservé habituellement aux différents cultes mais dans la salle de sport. Salle qui devra être aménagée: un podium pour l’autel et les célébrants, des chaises pour la chorale et les fidèles... Il s’agira aussi d’installer la crèche et de donner à l’ensemble une allure de Noël.
Six camions de la RTBF seront sur place, ils arriveront dans l’enceinte via le chemin de ronde. Du matériel indispensable pour assurer cette retransmission en direct mais aussi en eurovision. Grâce à TV5, la messe retransmise en direct de la prison de Marche pourra être suivie en Afrique.
Avec la chorale de Marche
L’abbé Stréber: "Le directeur de la prison de Marche veille à ce qu’il y ait le plus d’humanité possible dans l’établissement, c’est indispensable pour que les détenus puissent se réinsérer. Ils sont là pour purger une peine de prison mais pas pour subir des brimades, des humiliations. Si c’est le cas, on ne fait qu’augmenter la haine entre les détenus, entre les détenus et le personnel. En autorisant les caméras pour une messe de Noël on donne encore à l’établissement pénitentiaire une dimension humaine."
Lors du précédent Noël, la chorale de Marche était déjà présente (la photo). Une chorale qui, avec beaucoup de plaisir, avait chanté avec deux musiciens encore débutants, Moïse et Stéphane. Deux détenus qui seront encore associés à ce moment. Ils joueront pour l’un de la guitare et pour l’autre de la flûte. Une chorale sera constituée au sein de la prison. Laurence Vigneron (la photo) qui travaille aussi dans l’aumônerie y veille.
Et pour que la chorale puisse être présente à la prison, le curé de Marche, le doyen Poncin a avancé la messe paroissiale du jour de Noël. Ainsi chacun aura la possibilité de regagner son foyer à temps pour suivre la messe télévisée cette fois. "C’est vraiment une belle manière de vivre la miséricorde" (ndlr: le Jubilé de la miséricorde voulu par le pape François aura débuté quelques jours plus tôt).
Les célébrations retransmises à la télévision doivent respecter scrupuleusement un timing. L’équipe recevra, dans les prochains jours, le script: 26 pages pour expliquer les déplacements de chacun notamment. Il s’agira aussi pour les célébrants de respecter scupuleusement les textes et notamment au moment de l’homélie. L’homélie aura été traduite et envoyée aux différents commentateurs. Il n’y a donc aucune place pour l’improvisation. Les détenus qui participeront auront, au préalable, donné leur accord pour être filmés.
La RTBF a aussi pour mission de réaliser le petit film qui précède la messe. En quelques minutes, les téléspectateurs doivent avoir une idée précise du lieu dans lequel ils vont vivre l’eucharistie. Il y aura donc des images de la prison (intérieur comme extérieur), de la ville de Marche mais aussi du diocèse.
Le 23 décembre prochain, une répétition est déjà programmée. Elle sera suivie d’un debriefing indispensable pour que cette célébration soit belle, festive mais aussi priante.
Christine Bolinne - Service de communication du Diocèse de Namur
Photo: archives messes télévisées RTBF (c) cathobel
