Une réunion internationale est organisée à Paris ce mardi 8 septembre afin d'établir un plan d’action pour permettre aux minorités religieuses et ethniques de rester chez elles. En raison de son engagement aux côtés des chrétiens d’Irak, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a accordé une interview à nos confrères de La Croix.
Le Primat des Gaules attend de cette conférence une prise de position ferme et unanime des pays présents contre Daech, ainsi que des mesures pour les familles déplacées qui souhaitent rester dans leur pays. Dans cet entretien, il insiste sur ses attentes: "J’attends de tous les diplomates présents, c’est une parole extrêmement claire sur Daech en Irak, mais aussi en Syrie, et qu’ils prennent l’engagement de l’empêcher de nuire."
Interrogé sur le devoir d'accueil, Mgr Barbarin précise que, lors de son dernier voyage au Kurdistan irakien fin juin, il a senti que les déplacés n’avaient plus le moral. "Depuis un an, la situation a empiré, Daech a frappé avec une terrible violence et n’a été chassé ni de Mossoul, ni de Qaraqosh. Beaucoup me disent qu’ils ne veulent plus rentrer dans leurs villes. Notre rôle, pour ceux qui souhaitent émigrer, est de bien les accueillir et je crois que nous le faisons. Mais nous devons d’abord permettre à ceux qui veulent rester de le faire dans des conditions décentes. L’Irak est un pays qui a des ressources: si un jour il retrouve un peu de stabilité politique, il peut se reconstruire et les déplacés pourront retrouver leur vie d’avant. C’est cela que nous devons préparer", dit-il.
Le cardinal lyonnais dit ne pas voir les limites de cette violence monstrueuse. "Elle agit comme une sorte de cancer que les musulmans eux-mêmes vomissent. Etre 'artisans de paix', c’est tout faire pour l’arrêter, la neutraliser, y compris par une action extrêmement forte."
A la question de savoir si l’Eglise catholique doit ouvrir partout en Europe les portes de ses églises et de ses salles paroissiales, comme le demande le pape, le cardinal Barbarin répond sans détour: "C’est une évidence! Le pape a demandé que chaque paroisse accueille une famille: c’est un objectif concret et réaliste. Ce qui est sûr, c’est que personne ne peut laisser mourir quelqu’un dans la rue. Quand on trouve sur le bord de l’autoroute un camion avec 71 cadavres, cela veut dire «attention, il faut se mettre au travail».
J.J.D. (avec Anne-Bénédicte Hoffner – La Croix)