En écho à l’appel du pape incitant les paroisses à ouvrir leurs portes aux réfugiés, Mgr Harpigny s’exprime sur ce même sujet dans une lettre publiée le 7 septembre.
L’évêque de Tournai s’offusque d’abord des mots employés: « Des migrants! Comme si des familles qui sont obligées de quitter leur territoire, le lieu où elles sont nées, étaient des personnes qui cherchent du travail en Europe! Quelle horreur de travestir ainsi le réel! Il s’agit, dans la majorité des cas, de familles qui cherchent un refuge pour survivre. Pour ces familles c’est la mort ou la survie ailleurs. Imaginons un instant que des parents acceptent de voir leurs enfants être éliminés dans les semaines qui suivent par une bande de terroristes. Evoquons un seul instant les récits de nos parents, de nos grands-parents qui, en 1914 ou en 1940, devaient rapidement quitter leurs maisons pour fuir l’avancée des troupes de l’Allemagne. Etait-ce réellement pour trouver un emploi en dehors de la Belgique? »
Mgr Harpigny, qui est aussi connaisseur des relations avec le monde musulman, revient dans cette lettre ouverte, sur tous les arguments que les Belges peuvent évoquer contre l’accueil des réfugiés. D’après les commentaires sur les réseaux sociaux: « les Syriens, Irakiens, Afghans, etc., sont des terroristes radicalisés de l’islam qui viennent faire des attentats en Europe! » Mgr Harpigny répond: « Franchement, avons-nous déjà rencontré des familles de terroristes dont les membres ont entre six mois et quarante ans ? »
Autre argument récurrent: « en Belgique, il y a beaucoup de personnes pauvres, des jeunes sans emploi, des personnes âgées sans ressources! » L’évêque de Tournai s’interroge en retour: « Et alors! Ces personnes sont-elles toutes en danger de mort? La plupart ne sont-elles pas des allocataires sociaux? »
Vient ensuite l’inquiétude financière: « Et qui va encore devoir payer l’accueil de ces personnes, de ces familles? Toujours les mêmes, les citoyens de la Belgique. » Mgr Harpigny en appelle au sens civique: « Et alors! C’est quoi être humain? C’est quoi respecter la dignité de tout être humain? C’est quoi devenir solidaire de personnes, d’enfants, en danger de mort? Depuis quand le lieu de la naissance est-il une justification de fermer les yeux sur la misère, la mort de personnes innocentes qui n’ont plus d’autres solutions que d’aller vivre ailleurs où on dit que c’est mieux que chez soi? »
Finalement, l’évêque ramène à l’essentiel de la mission chrétienne: « le premier commandement, celui d’aimer Dieu; le second, qui lui est semblable, d’aimer le prochain, quelles que soient ses convictions, tout simplement parce que chaque être humain est créé à l’image de Dieu!
Merci à tous ceux qui ‘se donnent’ pour accueillir les réfugiés avec amour dans notre pays. Merci à tous ceux qui, dans cette manière de se situer devant le réel, travaillent en bonne intelligence avec les pouvoirs publics. »
A.F. de B.