Dans son dernier rapport, le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) note une recrudescence des dossiers concernant des « gourous » de la santé.
Au cours de ces deux dernières années, le CIAOSN a examiné une centaine de dossiers relatifs à la santé. Qu’il s’agisse de plaintes ou de questions, ces dossiers sont en tous cas en augmentation constante sur ces dernières années: ils représentaient près de 22% des demandes traitées par ce centre en 2013 et 2014 (contre 15,62% en 2011-201).
Cette progression est à relier avec l’émergence de toute une série d’alternatives à la médecine traditionnelle, axées sur le bien-être physique et mental. Et dans ce secteur qui n’est régi par aucun cadre légal, beaucoup de personnes se sont autoproclamées thérapeutes. Mais parfois, ces praticiens, qualifiés par leurs adversaires de « dérapeutes », n’hésitent pas à exercer une emprise mentale sur leurs clients. Et dans certains cas extrêmes, ils peuvent les détourner de la médecine classique avec un vrai risque pour la santé de la personne ainsi manipulée. Parmi ces « thérapies », l’organisme de lutte contre les sectes vise tout particulièrement la biologie totale, qui estime que la plupart des maladies résultant d’un stress ou de conflits psychologiques, ce n’est qu’en soignant les causes que l’on peut soigner le mal.
Un abus de faiblesse difficile à prouver
Mais la difficulté dans ce genre de dossiers est de savoir où se situe la limite entre la manipulation et le libre arbitre du patient? Psychologue au CIAOSN, Marion Mathen explique dans les colonnes du Soir que l’on ne peut parler d’abus de faiblesse « que s’il est prouvé que le thérapeute avait connaissance de la vulnérabilité de la personne, de sa fragilité physique ou psychologique. Et que cette faiblesse a été utilisée, soit pour s’approprier ses biens ou son argent, soit pour exercer un pouvoir sur elle. » Mais la psychologue tempère les motivations de certains de ces thérapeutes qui ne recherchent pas nécessairement le pouvoir ou le gain. « Ils sont juste intimement convaincus que leur méthode marche. »
Par ailleurs, le CIAOSN rappelle que la pratique religieuse peut, elle aussi, entrer en conflit avec la médecine générale. Et de citer le cas des Témoins de Jéhovah qui refusent la transfusion sanguine. Un problème que la justice peut régler quand il concerne des enfants: elle donne la possibilité de prononcer une déchéance parentale temporaire, le temps que la transfusion soit accomplie. « Mais en ce qui concerne les adultes, on se heurte à nouveau au droit du patient« , indique Marion Mathen.
D’après Le Soir