Devant l’ONU, le pape invite à la “sauvegarde de la maison commune”


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Devant l’ONU, le pape invite à la “sauvegarde de la maison commune”
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

pape_ONUC'était l'autre discours très attendu de ce voyage du pape François aux Etats-Unis. Pendant 45 minutes, le Souverain Pontife s'est adressé à la communauté internationale à la tribune des Nations-Unies à New York, dans la salle de l'Assemblée Générale, invitant avec des mots forts chaque nation et chaque responsable politique à prendre leurs responsabilités pour la "sauvegarde de la maison commune". Le pape a livré une leçon de géopolitique telle que le conçoit le Saint-Siège, en donnant les clés pour une coopération internationale au service de la justice et de la dignité humaine.

Pour le pape François, il existe un droit de l’environnement. Or, la crise écologique, avec la destruction d’une bonne partie de la biodiversité, peut mettre en péril l’existence même de l’espèce humaine. De plus, l’abus et la destruction de l’environnement sont accompagnés d’un processus implacable d’exclusion. Dans son discours, le Saint-Père a dénoncé la gestion irresponsable de l’économie mondiale, guidée seulement par l’ambition du profit et du pouvoir. La défense et de l’environnement et la lutte contre l’exclusion exigent, a-t-il dit, la reconnaissance d’une loi morale inscrite dans la nature humaine elle-même. Celle-ci, a-t-il martelé, comprend la distinction naturelle entre l’homme et la femme et le respect absolu de la vie à toutes ses étapes et dans toutes ses dimensions.

Un appel à la responsabilité des décideurs

Avec des mots forts, le Souverain Pontife a rappelé l'urgence des communautés et des citoyens de la planète, face aux grands déséquilibres et lancé un véritable appel à la responsabilité: «Le monde réclame de tous les gouvernants une volonté effective, pratique, constante, des pas concrets et des mesures immédiates, pour préserver et améliorer l’environnement naturel et vaincre le plus tôt possible le phénomène de l’exclusion sociale et économique, avec ses tristes conséquences de traites d’êtres humains, de commerce d’organes et de tissus humains, d’exploitation sexuelle d’enfants, de travail esclave - y compris la prostitution -, de trafic de drogues et d’armes, de terrorisme et de crime international organisé», a t-il lancé.

Le pape François s’en est pris sans détours, à ceux qui, sous prétexte de progrès social et de liberté, promeuvent une colonisation idéologique à travers l’imposition de modèles et de styles de vie anormaux, étrangers à l’identité des peuples et en dernier ressort irresponsables. Sur le plan économique, il a pointé du doigt les systèmes de crédit qui, loin de promouvoir le progrès, assujettissent les populations à des mécanismes de plus grande pauvreté, d’exclusion et de dépendance. Une fois encore, le Souverain Pontife a plaidé en faveur d’un monde sans armes nucléaires et de l’application du Traité de non-prolifération. Devant un auditoire conquis, le pape a rendu hommage à la capacité d'arbitrage de l'ONU, en se référant à sa Charte: «Si l’on respecte et applique la Charte des Nations Unies dans la transparence et en toute sincérité, sans arrière-pensées, comme point de référence obligatoire de justice et non comme instrument pour masquer des intentions inavouées, on obtient des résultats de paix.»

Réquisitoire contre le trafic de drogue

Dans la foulée, il a salué dans une allusion à peine voilée, le récent accord sur le programme nucléaire iranien qui divise la classe politique aux Etats Unis. En revanche, il a fustigé les interventions politiques et militaires qui n’ont pas été coordonnées entres les membres de la communauté internationale et qui ont des conséquences néfastes: au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans d’autres pays africains, les chrétiens et d’autres groupes culturels ou ethniques, ont perdu leurs lieux de culte, leur patrimoine culturel et religieux, leurs propriétés. Ces réalités, a-t-il affirmé avec force, doivent constituer un sérieux appel à un examen de conscience de la part de ceux qui sont en charge de la conduite des affaires internationales.

Parmi les dossiers qui l’inquiètent particulièrement, le pape François a cité le narcotrafic, «un autre genre de conflit pas toujours clairement déclaré, a t-il expliqué, mais qui, en silence, provoque la mort de millions de personnes.» Le trafic de drogue est accompagné par la traite des personnes, le blanchiment des actifs, le trafic des armes, l’exploitation des enfants et par d’autres formes de corruption.

L’avenir exige des décisions critiques et globales. L’organisation des Nations Unies, perfectible mais nécessaire peut être le gage d’un avenir sûr et heureux, à condition que les représentants des Etats sachent laisser de côté les intérêts sectoriels et idéologiques et chercher sincèrement le service du bien commun.

Radio Vatican

Catégorie : International

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