Loufoque, poétique, drôle, provocateur mais aussi profondément humain, le nouveau film du réalisateur belge Jaco Van Dormael nous offre une version surréaliste de Dieu et de sa petite famille.
Dieu existe. Il habite à Bruxelles. A partir de son vieil ordinateur, il dirige le monde en imposant aux hommes une série de lois destinées à leur pourrir l'existence. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille, Ea, qui pour se venger du comportement de son père balance par SMS les dates de décès de tout le monde…
Sur les conseils de son frère (JC dans le film), Ea va quitter ses parents pour partir sur les routes à la recherche d'apôtres qui l'aideront à écrire son "tout nouveau testament". Ce sera le leitmotiv d'un parcours fait de rencontres marquées par l'innocence de cette petite fille de 10 ans.
"Je n'ai aucun plaisir à choquer"
Jaco Van Dormael ("Toto le héros", "Le huitième jour" ou "Mr Nobody") nous propose avec "Le tout nouveau testament" un conte moderne complètement décalé à l'humour grinçant. Il s'agit donc bien d'une comédie belge 'pur jus' et non, comme son titre pourrait le laisser penser, d'une interprétation libre du Nouveau testament. Certes, le scénario co-écrit avec Thomas Gunzig, fait quelques références au récit biblique, mais uniquement pour mieux s'en éloigner. Jaco Van Dormael s'attaque à un sujet religieux sans volonté de choquer les catholiques: "J'y ai très peu pensé. Je n'ai aucun plaisir à choquer. Je n'ai pas essayé non plus de ne pas choquer. J'ai seulement raconté un conte." Un conte, comme le souhaitait le réalisateur, qu’une personne sans aucune culture religieuse puisse associer à d’autres œuvres célèbres du même genre telles que "Le Petit Chaperon Rouge" ou "Alice au pays des merveilles".
Un casting noir, jaune, rouge
Le casting repose très largement sur des acteurs belges avec des représentants parmi les plus réputés de notre humour national: Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau ou François Damiens. On a également plaisir à retrouver Pascal Duquenne - qu'on avait découvert dans Toto le héros et le Huitième jour - dans une scène très touchante. Plus étonnant, la présence de Catherine Deneuve qui interprète une quinquagénaire, délaissée par son mari, qui va tomber amoureuse… d'un gorille. Un épisode ridicule dont le réalisateur aurait largement pu se passer, mais c'est l'une des rares fausses notes pour ce divertissement globalement réussi. A côté d'une galerie de personnages colorés et attachants, la jeune actrice Pili Groyne, qui joue le rôle d'Ea, apporte beaucoup de fraîcheur dans cette vision critique de la société, en incarnant magnifiquement la "naïveté bienveillante". En ce sens, "Le tout nouveau testament" n'est pas sans rappeler "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" ou, dans un autre style, "Forrest gump"… des films qui vous donnent l'envie irrépressible d'accorder plus de considération aux gens qui vous entourent. Ajoutons enfin que la musique signée par la compositrice flamande An Pierlé contribue à faire du "Tout nouveau testament" un remède efficace contre la morosité de cette rentrée.
Manu VAN LIER