C’est sans doute un point marquant du discours prononcé par le Premier ministre Charles Michel à la tribune des Nations Unies: la Belgique affecterait la moitié de son aide publique au développement aux pays les moins avancés (PMA).
Au dernier jour du sommet organisé au siège de l’ONU, qui a accueilli le pape François, le Premier ministre belge a donc pris des engagements très clairs dans le cadre de l’agenda des Objectifs de développement durables approuvés par les dirigeants du monde entier. Si une nouvelle orientation avait déjà été annoncée par le gouvernement lorsqu’il a revu la liste des pays partenaires de la coopération bilatérale, cette fois, Charles Michel a promis que la Belgique s’engage aussi – à travers son aide au développement – à soutenir d’autres pays dans la réalisation de ce nouvel agenda qui porte jusqu’en 2030. Il s’agit des pays les moins avancés (PMA). « Nous avons fait le choix de réserver 50% de l’aide au développement pour ces pays« , a précisé le chef du gouvernement fédéral, qui a aussi plaidé en faveur d’une mobilisation d’un « large éventail de ressources » pour favoriser le développement. « Il faut en effet garantir la mobilisation de ressources domestiques ainsi que leur utilisation efficace. Elles doivent être investies dans l’éducation, les socles de protection sociale et les systèmes de soins de santé pour tous ».
Satisfaction mitigée du CNCD-11.11.11
Pour le CNCD-11.11.11, si ce discours est clair, « la Belgique doit toutefois se donner les moyens de ses ambitions ». L’ONG rappelle qu’il y a cinq ans, à l’époque où la Belgique présidait l’Union européenne, le même Charles Michel, alors ministre de la Coopération, avait joué un rôle actif dans la promotion d’une taxe sur les transactions financières internationales. « Aujourd’hui, on ne l’entend plus sur le sujet, et on sait que la Belgique fait partie des pays qui freinent la mise en place effective du mécanisme à onze pays au niveau européen », a déploré Nicolas Van Nuffel du CNCD. Et d’ajouter: « Il est dommage que le Premier ministre n’ait pas évoqué la question des nouvelles sources de financement dans son intervention à l’assemblée générale des Nations unies à New York ».
Nicolas Van Nuffel rappelle que « la Belgique ne cesse de couper dans son aide au développement depuis 2011 et devrait passer en fin de législature sous le seuil des 0,4%, soit à peine plus de la moitié de son engagement international à 0,7% ».
L’ONG est aussi satisfaite d’avoir entendu Charles Michel rappeler l’importance du prochain sommet de Paris sur le climat et appeler à un accord juste, ambitieux et contraignant. « Nous espérons donc que la Belgique pourra se présenter à Paris avec des engagements clairs, non seulement en termes de réduction des émissions, mais aussi en termes de financement international. Rappelons que l’Etat fédéral et les Régions se neutralisent dans un conflit institutionnel depuis plus de cinq ans, paralysant l’engagement réel de notre pays à ce niveau. »