Face à l'afflux de migrants, la Macédoine a décrété l'état d'urgence. Ils sont en effet des milliers à vouloir rallier l'Europe du nord. Dans une tribune publiée dans plusieurs quotidiens européens lundi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, appelle au "courage collectif" des Etats membres de l'UE pour répondre à l'urgence de la pression migratoire sur l'Europe.
Jugée moins dangereuse que la voie méditerranéenne, la route des Balkans est de plus en plus prisée par les passeurs pour faire entrer les migrants syriens dans l'Union européenne. D'où l'afflux auquel est confrontée la Macédoine depuis jeudi dernier. Débordé, ce pays a finalement laissé entrer ces migrants dans la nuit de samedi à dimanche en territoire macédonien. Beaucoup d’entre eux, environ 8.000 réfugiés majoritairement syriens, afghans et pakistanais, ont déjà rejoint la Serbie, après que les autorités macédoniennes aient organisé leur transfert avec des autobus et des trains. Ils se trouvent maintenant au centre d’accueil de Presevo, au sud de la Serbie, où de la nourriture leur a été fournie alors que le HCR a mis à disposition des véhicules pour leur transfert à Belgrade. La Serbie ne leur a concédé que 72 heures de permis de séjour sur son territoire. Dans ce laps de temps, ils vont probablement chercher à rejoindre les confins de la Hongrie, alors que Budapest est en train de finir l’édification d’un mur anti-migrants.
Elisa Gallo, chef de projet de Médecins sans frontières pour la Grèce, a confié à Radio Vatican que les services de MSF ont assisté un nombre sans précédent de personnes restées bloquées près de la frontière. «L’équipe médicale a dû secourir diverses personnes qui se sont senties mal en raison de la chaleur et du manque de nourriture. Et nous avons eu des interventions d’urgence aussi pour porter ces personnes à l’hôpital: des femmes enceintes, des enfants très petits, aussi un nouveau-né de quelques semaines a dû être transporté à l’hôpital.» Par ailleurs, huit personnes ont été soignées par MSF après avoir subi des actes de violence de la part de la police.
Cet afflux terrestre ne fait pour autant pas baisser les tentatives de rejoindre l'Europe par la mer. La Méditerranée est donc elle aussi toujours en état d’urgence. 4.400 migrants ont été sauvés au large de la Libye au cours des 48 dernières heures. Avec des centaines de migrants sauvés au large des côtes libyennes. 5.000 migrants sont attendus à Palerme et 900 à Cagliari.
En tout, quelque 107.500 migrants ont pénétré en Europe en juillet, soit un record depuis 2008. Ils étaient trois fois moins nombreux en juillet 2014. Depuis le début de l’année, ce sont déjà 340.000 d’entre eux qui ont rallié le continent, contre 280.000 sur les 12 mois de l’année passée.
Le message de Jean-Claude Juncker
Face à cette situation à la fois inédite et tragique, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker dénonce "le ressentiment, le rejet, la peur que l'on renvoie à ces personnes." "Mettre le feu à des camps de réfugiés, repousser des bateaux hors des ports, violenter les demandeurs d'asile ou fermer les yeux sur la misère et la pauvreté: ce n'est pas l'Europe", écrit-il dans une tribune relayée par de nombreux journaux. Et de rappeler que derrière ces migrations, il y a tout simplement des êtres humains. "Des gens comme vous et moi, sauf qu'ils n'ont pas eu la chance de naître dans une des régions les plus riches et les plus stables du monde. Nous parlons de personnes qui fuient la guerre en Syrie, la terreur de Daech en Libye ou la dictature en Erythrée".
Soulignant qu'il n'y a pas de réponse unique ou simple à la question migratoire, M. Juncker estime aussi qu'il n'existe pas de solutions nationales. "Aucun Etat Membre ne peut efficacement faire face à la migration seul. Nous avons besoin d'une approche européenne forte. Et nous en avons besoin maintenant."
M. Juncker annonce pour septembre une liste commune de pays d'origine sûrs afin d'accélérer les procédures d'asile. La question sera à l'agenda d'une rencontre entre le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ce lundi à Paris.
"Ce dont nous avons besoin, c'est de courage collectif pour respecter nos engagements - même s'ils ne sont pas évidents ou populaires", note encore M. Juncker regrettant que certains préfèrent "pointer du doigt - un jeu de blâme qui peut faire gagner en publicité et même en votes, mais qui ne résout en fin de compte aucun problème."
P.G. (avec Radio Vatican)
Ce sont principalement des Afghans et des Syriens qui traversent les frontières, faisant peser une pression considérable sur les autorités de contrôles grecques, italiennes et hongroises, souligne encore l’agence.