La nouvelle enquête annuelle de La Ligue des Familles révèle qu'on est encore bien loin d'un système scolaire gratuit et égalitaire. Des frais scolaires trop élevés et parfois illégaux, un manque de transparence et d'information… le phénomène n'est pas nouveau mais La Ligue continue de sensibiliser les consciences.
Le mois d'août à peine entamé, de nombreuses familles pensent déjà à la rentrée scolaire. Pour certaines, septembre est un mois très coûteux malgré les primes octroyées par le gouvernement. Depuis plusieurs années, la Ligue des Familles se mobilise pour clamer son mécontentement. Elle estime en effet que l'école est loin de son idéal de gratuité et dénonce le rabais des primes au fil des années et les factures toujours trop chères pour les parents. Pour des raisons économiques, la prime de rentrée a été fortement réduite. Ces dernières années, elle est passée de 58 à 43€ pour les enfants de 6 à 11 ans.
S'appuyant sur une analyse menée auprès de 51 familles et un total de 83 enfants en maternelle et en primaire, La Ligue a dressé le bilan des frais de fournitures scolaires mais aussi du coût des repas, des photocopies et des voyages scolaires pour 2015. Le coût annuel moyen des fournitures scolaires diffère peu des années précédentes: il revient à 212€ pour un élève en école primaire et à 43€ pour un enfant de maternelle.
Comme il a déjà été constaté au cours des analyses annuelles menées les années précédentes, les parents estiment ne pas être suffisamment informés des règles en vigueur à l'école ni des droits dont ils disposent. La Ligue incombe cette responsabilité aux écoles et à la Fédération Wallonie-Bruxelles, trop peu (pro)actives dans leur communication. Le manque de clarté des forfaits, le refus de remise du bulletin en cas de frais impayés, la stigmatisation des parents et donc des enfants figurent entre autres parmi les reproches les plus récurrents formulés par les parents.
Des listes interminables et des frais illégaux
Selon l'étude 2015, les coûts demandés aux élèves de primaire varient fortement en fonction de l'école dans laquelle ils sont inscrits: les listes peuvent fluctuer entre 25€ et 180€. La Ligue estime également que le tiers des listes présentent des infractions comme le fait de facturer aux parents le journal de classe ou des manuels alors que c'est interdit. Certaines écoles fournissent l'entièreté du matériel tandis que d'autres dressent des listes pouvant aller jusqu'à 37 articles. Du côté des parents, c'est l'incompréhension. "Chaque année, je dois courir pour la liste kilométrique de ma fille (26 articles) et trouver les bonnes marques demandées alors que dans l'école des enfants de ma compagne, l'école fournit tout, ce qui est tout de même plus efficace et une réelle économie!" témoigne un père de deux enfants.
La qualité des repas chauds est également mise à mal. Le prix moyen du dîner est de 3,50€, un prix que beaucoup de parents interrogés seraient prêts à payer s'ils pouvaient être certains de la qualité des produits servis. Une mère de trois enfants en primaire explique qu'elle préfère préparer elle-même le pique-nique de ses enfants. "Si j'avais la garantie d'un repas complet et de qualité le midi, je paierais avec plaisir et ce serait pratique, mais sans garantie sur la qualité je m'abstiens, c'est moins cher et au moins, je sais ce qu'ils mangent."
Des voyages trop onéreux
Quant aux voyages, ils forment la jeunesse, certes! Tant les parents que La Ligue sont convaincus du bien-fondé des excursions hors les murs et activités en tous genres mais le coût, parfois prohibitif de certains voyages, en font bondir plus d'un. "800 € pour un voyage au ski en 6ème pour mon enfant, difficile de faire face! (…) sans compter les frais d'équipement que je n'ai pas et les activités payantes organisées par l'école pour financer le voyage: double peine pour le portefeuille sans réel apport pédagogique", regrette un père de trois enfants. La Ligue situe le coût moyen d'un voyage entre 35 et 950€ par enfant.
Comme chaque année, la Ligue tente de rendre compte des illégalités et inégalités de la sphère scolaire. Elle propose de faire appliquer un cadre légal qui inclut une meilleure information à l'égard des parents, des sanctions pour les écoles incriminées, des frais scolaires plus objectifs, et milite pour sensibiliser les consciences vers une réelle gratuité scolaire. Elle entend négocier sa stratégie avec le gouvernement et en faire une priorité du Pacte pour un Enseignement d'Excellence (2015-2016).
En attendant, les parents peuvent toujours s'informer de leurs droits en consultant le site laligue.be.
S.T.
