Près de mille demandeurs d’asile attendaient ce matin devant l’Office des étrangers. Du jamais vu à Bruxelles. Ce record d’affluence traduit bien l’afflux massif et inédit de personnes en danger de mort dans leur pays.
Les bureaux étant fermés le week-end, il y a habituellement toujours plus de monde le lundi à l’Office des étrangers. Mais là, un record a été battu. Un millier de réfugiés étaient déjà devant les portes dès 6h du matin. Or, la salle d’attente de l’Office n’offre que 250 places. Devant cet afflux inédit, les responsables ont dû étaler sur trois jours les reconvocations de ces demandeurs d’asile tandis que Médecins du monde, dès dimanche soir, a installé un cabinet de consultation mobile devant le bâtiment de l’Office des Etrangers. L’association a distribué de l’eau, 30 tentes et reçu en consultation 30 personnes. Parmi ces dernières, deux s’étaient blessées en passant la frontière entre la Serbie et la Hongrie.
Face à cet afflux massif de réfugiés, les centres d’hébergement commencent à saturer. C’est par exemple le cas avec le centre de Banneux, un des 18 centres d’accueil géré par la Croix-Rouge. Installé depuis 2009, dans un ancien centre de revalidation pour religieuses, il pouvait accueillir 150 résidents. 17 nouvelles places ont été créées, de manière temporaire. Désormais, le centre d’accueil a atteint sa capacité maximum et héberge un grand nombre d’Irakiens (ils représentent actuellement près du tiers des résidents). Un autre centre d’accueil liégeois de la Croix-Rouge, celui de Bierset, va lui aussi s’agrandir pour accueillir 100 demandeurs d’asile de plus dès ce soir. Son hall omnisports va être réaménagé en hébergement temporaire.
Droits et devoirs
Mais des voix commencent à s’élever, surtout au nord du pays, pour qu’en contrepartie de l’hébergement et de l’aide sociale, ces réfugiés prestent un service pour la collectivité. La N-VA et l’open VLD ont lancé des propositions en la matière. Le chef de groupe Open VLD à la Chambre, Patrick Dewael, plaide l’accueil et la solidarité (comme en ont bénéficié de nombreux Belges entre 1940 et 1945) mais aussi pour un équilibre entre droits et devoirs. Dans une interview donnée au Standaard, il estime que « Les réticences et les préjugés à l’égard des réfugiés ont beaucoup à voir avec le fait que ceux-ci reçoivent des allocations sans devoir fournir une contrepartie. » Pour Patrick Dewael, « une piste possible » serait de demander aux migrants de rendre « des services à la communauté », à raison de deux demi-journées par semaine sur des postes qui ne réduirait pas la disponibilité pour le marché du travail.
Cette question des droits et des devoirs des réfugiés, est loin de faire l’unanimité. Quoi qu’il en soit, la réponse viendra des régions, au travers des parcours d’intégration, des politiques d’emploi et de logement. Et en la matière, Bruxelles et la Wallonie privilégient d’autres pistes.
P.G.