10% de participation électorale selon les uns, 80% selon le porte-parole du chef de l’Etat. Le scrutin burundais divise profondément le pays.
Les élections et le dépouillement des votes au Burundi se terminent. Il ne fait aucun doute que Pierre Nkurunziza sera réélu, tout comme le CNDD-FDD aux élections législatives et communales du 29 juin. Mais le taux de participation au scrutin présidentiel fait l’objet de nombreuses controverses. Les journalistes de R.F.I. se sont par exemple rendus dans plusieurs bureaux de vote à une demi-heure de la fermeture. A peine 10% de la population s’était déplacée pour exprimer son vote et plusieurs électeurs cherchaient à effacer les traces d’encres sur leurs doigts pour ne pas subir de représailles. L’opposition s’est en effet mobilisée pour boycotter ce scrutin, puisque le président Pierre Nkurunziza ne peut prétendre à un troisième mandat consécutif. Le conseiller en communication du chef de l’Etat estime au contraire que le taux de participation s’élevait à 80%, par la faute de la « fainéantise » des paysans burundais.
Le C.N.C.D. 11.11.11 qui travaille avec la société civile burundaise, alerte sur les conséquences de « ce forcing électoral du Président Nkurunziza, qui parachève un putsch contre l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et contre la Constitution de la République du Burundi » Pour ces organisations civiles, l’Accord d’Arusha consacre le principe de l’alternance démocratique à la tête de l’Etat et n’autorise plus de deux mandats à aucun Président du Burundi depuis le 28 août 2000. Dans une déclaration commune, elles « déclarent qu’elles ne reconnaitront plus Monsieur Pierre Nkurunziza comme Président du Burundi passé le 26 aout 2015, date de la fin de son deuxième mandat constitutionnel » et « appellent toutes les forces vives de la Nation à se mettre ensemble sans tarder pour trouver une alternative démocratique à la crise actuelle« .
Le climat de violence au Burundi risque donc de se poursuivre, comme c’est déjà le cas depuis avril dernier. L’ONG Amnesty international publie ce jeudi un rapport pointant du doigt une série de « violations, entre autres du droit à la vie, la liberté d’association et le rassemblement pacifique » de la part de policiers contre les manifestants. Ces membres des forces de l’ordre, qui outrepassent la chaîne de commandement, font preuve de violence excessive et disproportionnée contre les Burundais, qui manifestaient leur opposition au troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Le pays se divise de plus en plus profondément entre les dirigeants au pouvoir et la société civile.
Anne-Françoise de Beaudrap (RFI / La Croix)