Après le « non » des Grecs au référendum, la Conférence des évêques de France a réaffirmé son « soutien à la poursuite du processus de construction européenne. » Elle dénonce aussi le déficit démocratique qui a prévalu jusqu’ici dans les prises de décision à l’égard de la Grèce et l’emprise absolue de la finance.
La crise grecque ne laisse personne indifférent en Europe. Et surtout pas l’Eglise. Au lendemain du référendum, les évêques de France ont voulu témoigner de manière très officielle de leur préoccupation et ont plaidé, d’une certaine manière, en faveur du maintien de la Grèce dans la zone euro. Dans une déclaration datée du mardi 7 juillet, ils ont en effet redit « la nécessité d’articuler de façon équilibrée une double exigence: celle de la responsabilité de chaque pays membre et celle de la solidarité entre tous les Etats de l’Union européenne. (…) Chaque Etat est tenu de satisfaire aux nécessités d’une gestion rigoureuse et responsable mais aussi juste à l’égard de ses citoyens, en particulier des plus fragiles et des plus pauvres, écrivent les prélats. Mais les responsables politiques de l’Union européenne sont tenus aussi de garantir la solidarité entre les pays membres, consentant à accorder un soutien à chacun d’eux et à créer les conditions favorables pour une gestion juste et responsable ».
Déficit démocratique
Faisant une analyse pointue et assez « engagée » du référendum grec, l’Eglise de France a estimé que ce dernier avait mis en évidence « le déficit démocratique qui est pour beaucoup dans la suspicion des citoyens à l’égard des institutions européennes. Le déficit démocratique est particulièrement notable dans le fait que les responsables financiers et les institutions auxquelles ils appartiennent, déterminent des conditions et élaborent des décisions qui s’imposent aux Etats membres sans qu’elles soient soumises à discussion devant le Parlement européen ».
Les évêques français appellent ainsi au dialogue entre tous les Etats membres au sein des institutions européennes pour porter plus loin le processus de construction européenne et lui garantir un avenir. « La crise européenne que nous traversons doit être l’occasion d’une prise de conscience renouvelée de la double exigence de responsabilité et de solidarité entre les partenaires européens. »
S’appuyant sur la dernière encyclique Laudato Si’, l’Eglise de France rappelle la nécessité de mettre en œuvre des processus plus démocratiques où, comme le souligne le pape François, « le politique et l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie humaine ». Pour les évêques français, « Sauver les banques à tout prix, en en faisant payer le prix à la population, sans la ferme décision de revoir et de réformer le système dans son ensemble, réaffirme une emprise absolue des finances qui n’a pas d’avenir et qui pourra seulement générer de nouvelles crises. »
P.G.