Encyclique « Laudato si » : pour une écologie intégrale


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Encyclique « Laudato si » : pour une écologie intégrale
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

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C'est ce jeudi 18 juin, à midi, que paraissait officiellement la lettre encyclique du pape François. Intitulé "Laudato si", d'après le cantique des créatures de saint François d'Assise, ce document pose un diagnostic des problèmes climatiques actuels, mais propose également une "conversion écologique" pour lutter efficacement contre la dégradation généralisée de notre biosphère.

Ce matin, à 11h, l'encyclique "Laudato si" du pape François a été présentée aux médias et au public belge, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au secrétariat général de la Conférence épiscopale, rue Guimard à Bruxelles. Etaient présents à cette conférence de presse: Mgr Luc Van Looy, évêque de Gand, qui a introduit le document en néerlandais; Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, qui en a tracé les lignes majeures en français, mais également Jean-Pascal van Ypersele, climatologue mondialement réputé, et vice-président du GIEC (le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat).

Pour ce dernier (écoutez l'interview de Jean-Pascal van Ypersele au bas de ce paragraphe), cette encyclique sur la problématique écologique représente une contribution importante dans la recherche de solutions au problème climatique global. S'il a dit ne pas pouvoir se prononcer sur les valeurs que l'encyclique met en avant, il se réjouit cependant de ce que l'Eglise catholique, à son plus haut niveau d'autorité, a intégré les conclusions des rapports les plus récents du GIEC, et d'autres recherches scientifiques, sur la situation climatique mondiale. Pour M. van Ypersele, l'Eglise rejoint ainsi "officiellement" un mouvement qu'il souhaite voir se développer, celui d'une concertation internationale, impliquant aussi bien les gouvernements que les ONG, en vue de fixer un plan d'action mondial pour atteindre un objectif indispensable à la survie de la planète: limiter le réchauffement climatique. A cet égard, la prochaine conférence internationale sur le climat, qui se tiendra à Paris à la fin de cette année, sera décisive.

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Que dit l'encyclique?

Dans cette lettre encyclique que le pape François adresse non seulement aux catholiques, non seulement aux hommes de bonne volonté, mais tout simplement à l'humanité entière, le Saint-Père dresse d'abord un tableau dramatique de la situation écologique mondiale actuelle: réchauffement climatique, pénurie d'eau, disparition de nombreuses espèces animales et végétales, destruction de la biosphère, pénurie grandissante des ressources naturelles mondiales. Le constat est sans appel: l'action de l'homme, depuis deux siècles, est en train de détruire la terre, qu'il appelle "notre maison commune".

La cause de cette dégradation? L'action de l'homme, donc, en tant qu'elle est tournée vers une surconsommation de biens, qui plus est au seul bénéfice d'une minorité. Cette logique de consommation entraîne une utilisation débridée des ressources naturelles, contribue à provoquer le réchauffement climatique et fait de notre monde un véritable dépotoir. Ces bouleversements frappent en premier lieu les pauvres, principalement dans le Sud de la planète, où la surexploitation entraîne des conséquences immédiates sur ceux qui dépendent immédiatement de l'écosystème local.

Le pape en appelle dès lors à une véritable conversion écologique de chacun personnellement mais aussi des gouvernements et des multinationales, largement responsables d'un système économique à courte vue. Il en appelle à un gouvernement mondial en la matière, qui puisse oeuvrer concrètement au bien commun. car, pour le pape François, le problème écologique est lié au problème de l'injustice sociale dans le monde: alors que la majorité de l'humanité est exclue du système de surconsommation, elle en subit en plus les conséquences climatiques.

En résumé, le pape François en appelle à une "écologie intégrale", notion nouvelle, qui s'inscrit cependant dans la ligne de la doctrine sociale de l'Eglise, telle qu'elle s'est développée depuis plus d'un siècle. Si l'on veut parvenir au développement intégral de tout l'homme, et de tous les hommes, cela passe obligatoirement par un développement vraiment durable, qui garantit la survie de notre terre, et donc de l'humanité.

La conversion demandée est donc économique, politique, mais également éthique et spirituelle: il s'agit d'adopter un mode de vie sobre, qui permet à l'autre de vivre et de se développer. Non seulement l'autre humain, mais également toute créature qui partage notre existence et que François, à l'image du poverello d'Assise, nous invite à considérer comme un frère et une sœur, de même que notre mère la terre.

Christophe Herinckx

Légende photo: Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du GIEC

encycliqueOù se procurer l'encyclique?

Comme pour les encycliques précédentes, les éditions Fidélité assurent pour la Belgique, la publication de l’encyclique du pape François sur la sauvegarde écologique de la Terre "Loué sois-tu" (Titre original: Laudato si'). La préface belge est rédigée conjointement par Mgr Delville, évêque de Liège, et M. Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Dans un esprit de cohérence avec les préoccupations écologiques de l'encyclique, l'impression est réalisée sur un papier recyclé. L’ouvrage de 200 pages sera en librairie pour le 24 juin au prix de 8 euros.


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