Vingt ans après l’affaire Dutroux, rien n’a changé pour les Belges qui se sentent toujours inquiets, en particulier pour leurs enfants. C’est ce que montre un sondage paru ce mercredi dans « Le Soir Magazine ».
Trois quarts des Belges estiment que les enfants ne sont pas plus en sécurité aujourd’hui qu’il y a vingt ans, lors de l’affaire Dutroux. Tel est le triste constat tiré du sondage Ipsos Public Affaires, réalisé auprès de 1.000 personnes et paru aujourd’hui dans le Soir Magazine. Malgré la réforme des polices, de la Justice, malgré la mise en place de Child Focus, la confiance n’est donc pas remontée sur ce point. Cette inquiétude est en particulier ressentie chez les Wallons (88%) et les Bruxellois (74%), un peu moins chez les Flamands (65%). Et surtout parmi les femmes (78%, contre 68% pour les hommes).
Un traumatisme profond
Incontestablement, ces chiffres témoignent du fait que le pays ne s’est pas encore remis du profond traumatisme qu’il a subi lors de la révélation de l’affaire Dutroux. La libération de Michelle Martin a même un peu ravivé le cauchemar… Au micro de la RTBF, Delphine Chabbert (secrétaire politique de la Ligue des familles) relie également ce sentiment d’insécurité global à la situation socio-économique: « Les personnes qui ressentent le plus cette insécurité par rapport à leurs enfants sont les personnes qui sont les plus fragiles financièrement, économiquement, celles qui sont les plus malmenées par notre société. » Or, ces personnes sont plus nombreuses en Wallonie qu’en Flandre… Pour Delphine Chabbert, l’insécurité sociale, plus tangible celle-là, c’est-à-dire, des revenus en baisse et un risque de tomber dans la précarité… renforce ce sentiment d’insécurité par rapport aux enfants. Mais il s’agit bien d’un sentiment d’insécurité qui a été sondé… La réalité objective de cette insécurité par rapport aux enfants est heureusement beaucoup moins noire. Dans son rapport d’activité 2014, Child Focus indique ainsi que sur 26 cas d’enlèvements effectifs, 24 sont faits par des proches, 2 par des inconnus.
Par ailleurs, l’enquête révèle que huit Belges sur dix, pensent que toute la lumière n’a pas été faite sur le dossier Dutroux. Ce sont là encore principalement les femmes (87%) qui le pensent ainsi que la tranche d’âge des 35-54 ans (84%). Enfin, les Belges sont quasi unanimes (92%) à penser que Marc Dutroux ne devrait jamais sortir de prison.
P.G.