Aujourd’hui évêque d’un diocèse à Cuba, il a passé quatre années au Séminaire de Tournai avant d’être ordonné prêtre en 1968 à la Cathédrale.
« Je suis un peu ému de me retrouver ici après tant d’années. Ce sont beaucoup de souvenirs. Je pense à mes compagnons qui ne sont plus là ». Ce jeudi midi, à l’église du Séminaire, Mgr Jorge Enrique Serpa Pérez (photo) a débuté son homélie par ces mots, en s’excusant parce que le français n’est pas sa langue.
Mais Mgr Serpa n’a pourtant pas oublié le français, puisqu’il a été durant 4 ans séminariste à Tournai. C’était de 1964 à 1968. De passage dans la cité des Cinq Clochers, il a retrouvé quelques condisciples avec le plaisir que l’on devine, même si ces anciens séminaristes ont toujours maintenu le contact entre eux. Pour l’entourer lors de l’eucharistie, il y avait ses « camarades » les abbés Jean-Claude Carlier, Joseph-Marie Tamigniau, Jacques Piton et Jacques Vervier, ainsi que d’autres prêtres, dont l’abbé Daniel Procureur, actuel président du Séminaire. A l’issue de cette célébration, Mgr Serpa Pérez a évoqué pour nous son parcours de vie.
Comment êtes-vous arrivé au Séminaire de Tournai ?
Après la révolution cubaine, j’ai dû quitter mon pays et je suis parti en Espagne. A l’époque, Mgr Himmer, alors évêque de Tournai, était en contact avec ses collègues espagnols et c’est comme cela qu’il a proposé que quelques séminaristes cubains viennent étudier en Belgique.
Parlez-nous de ces années…
Cela n’a pas toujours été facile, surtout au début, puisque je me retrouvais dans un nouveau pays, une nouvelle culture. Mais par après, je me suis habitué. (En évoquant cette époque, celle du Concile, Jacques Piton, aujourd’hui vicaire épiscopal, rappelle que les séminaristes étaient parfois un peu turbulents face à leur hiérarchie du Séminaire, mais qu’ils trouvaient une oreille attentive auprès de leur évêque…) J’ai été ordonné prêtre par Mgr Himmer, le 14 juillet 1968, en votre Cathédrale, aux côtés de quelques autres dont Jean-Claude Carlier, Jacques Vervier et Alain Dequinze (NB : ce dernier est décédé. Quant à Jacques Piton, il a été ordonné à La Louvière).
Et une fois ordonné, quel a été votre parcours ?
Comme je ne pouvais toujours pas rentrer à Cuba, je suis parti en Colombie où j’ai vécu près de 30 ans, comme curé et directeur d’instituts. Durant cette période, je n’ai pu rentrer à Cuba que quelques fois, et pour des séjours d’une durée très limitée.
Mais aujourd’hui, vous êtes évêque dans votre pays natal ?
Lors d’un voyage sur place, en 1998, Jean-Paul II a pu obtenir des autorités qu’elles laissent venir une quarantaine de religieuses, de religieux et de prêtres, mais des prêtres étrangers. J’ai été le seul prêtre Cubain à pouvoir rentrer au pays. J’ai été affecté à mon ancienne paroisse, puis je suis devenu vicaire épiscopal, président de Séminaire et enfin évêque de Pinar del Rio, voici 8 ans. Mon diocèse est situé à l’ouest de l’île de Cuba. Il compte un million d’habitants et 25 paroisses. Au début, nous l’étions qu’une dizaine de prêtres, nous sommes aujourd’hui 26 pour le desservir.
Vous avez 73 ans, donc dans deux ans vous démissionnerez.
Oui, selon le droit, mais peut-être que le Pape me demandera de rester encore un peu…
H.W. (Diocèse de Tournai)