Au Nigéria, le débat est intense pour savoir comment réhabiliter les femmes victimes de Boko Haram. Certaines voix s’élèvent pour réclamer des avortements de masse pour les jeunes femmes enlevées, violées par les membres du groupe islamiste, et qui sont enceintes aujourd’hui. Dans une note publié ce mercredi 27 mai, la Commission épiscopale pour la pastorale de la Santé proteste contre cette requête.
L’Eglise y exprime d’abord sa profonde douleur après les expériences traumatisantes vécues par ces femmes et plus largement par les victimes de Boko Haram. «Nous évêques, comme pasteurs, nous avons porté ces drames avec tous les Nigérians et en particulier concernant nos frères tués, mutilés, contraints à la fuite, et humiliés par les fondamentalistes, mais face à ces drames, on ne peut pas se laisser persuader par des 'arguments superficiels' mis en avant par des groupes ou des individus. On ne répond pas à la violence par une violence pire encore».
Le gouvernement appelé à soutenir les femmes violées
L’hypothèse de tuer des enfants conçus lors d’un viol ne peut pas être défini comme «humaine». C’est «inadmissible», écrit la commission qui rappelle que les enfants sont les «victimes innocentes de crimes perpétrés aux dépens de leurs mères», et qu’il est donc «immoral de les punir pour les péchés commis par leurs pères». «Comment peut-on pratiquer la peine de mort, c’est-à-dire l’avortement, sur de petits Nigérians simplement parce que leurs pères suivent des idéologies déviantes», s’interroge l’Eglise locale.
Les évêques nigérians réaffirment leur proximité toute particulière aux femmes victimes de Boko Haram et lancent un appel pour qu’elles conservent la foi en Dieu «qui leur a donné la force d’affronter de telles épreuves et souffrances». Ils les encouragent à rechercher réconfort et encouragement en Dieu qui a réservé un destin aux enfants innocents qu’elles portent en elles, parce que la vie de chaque enfant est «unique, différente et distincte de celle de leurs parents», mais chaque enfant dépend des soins et de l’amour maternel. Pour cette raison, au nom des enfants, les évêques catholiques du Nigéria demandent aux mères de démontrer leur amour maternel aux enfants à naître.
Enfin, la note épiscopale souligne que le «traumatisme provoqué par une violence sexuelle est énorme» et que l’Eglise avec toutes les personnes de bonne volonté est toujours prête à mettre en œuvre tout ce qui peut permettre la guérison, la réhabilitation et la réinsertion sociale des victimes, afin qu’elles puissent se réintégrer rapidement dans la société. Ils exigent d’ailleurs que les organismes gouvernementaux fédéraux, les institutions sociales et les communautés de base apportent un soutien à ces femmes enlevées par Boko Haram et qui se retrouvent enceintes aujourd’hui.
Radio Vatican
photo: Mgr Ignatius Kaigama, Président de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (© AED)